Tu Ha An - Illustration Onirique & Multiculturelle

Quand le projet le plus chaotique devient le plus extraordinaire

Edité par Jo, ma complice & la marraine de mon chat terreur

Pour avancer dans la vie créative, il est indispensable de faire des rétrospections. Et il faut absolument que je vous raconte ce qui s’est passé en décembre 2022.

Cet article est accompagné d’une vidéo.

J’ai annoncé, dans une vidéo au début du mois de décembre 2022, l’arrivée de la série spéciale : Illustrateur.trice : le métier sur mon blog. J’ai fait la promesse de publier 5 articles en un mois, au lieu de 2 articles par mois, comme d’habitude.

Cette promesse n’avait rien d’extraordinaire. Au moment où j’enregistrais la vidéo de lancement, je ne la considérais même pas comme un « grand » projet.

Les 5 articles prévus étaient issus des interviews. On était fin novembre et j’avais déjà enregistré l’ensemble des interviews. Les articles n’étaient pas encore rédigés. Mais comme j’avais déjà fait des interviews sur le blog, que j’avais l’habitude d’écrire des articles, et que l’illustration est un sujet que je maîtrise, rien ne pourrait mal tourner, n’est-ce pas ?

Qu’est-ce que la An de novembre 2022 était naïve…

Au final, ce mois de décembre 2022 s’est avéré être le mois le plus chaotique depuis le début de mon activité de créatrice de contenus, mais également le plus extraordinaire.

Comment ce chaos a mené à un tournant majeur dans mon travail ? Comment un projet qui prenait du retard dès le début a pu finir en avance ? Comment ce projet est devenu la plus grande fierté dans ma vie créative ?

Vous allez tout découvrir dans cet article !

L’appréhension : le faux chaos

Envoyer d’abord, stresser après

Dans la vidéo de lancement d’Illustrateur.trice : le métier, vous pouvez découvrir la raison pour laquelle j’ai lancé le projet.

J’étais persuadé à 1000% de l’utilité de ces interviews. Mais pour que l’idée prenne vie, il fallait que j’invite des artistes à devenir mes interviewé.e.s.

Pour rappel, je suis encore un bébé dans le métier, je suis une nobody. Je n’ai pas grandi dans un milieu artistique. Je n’ai pas fait une école d’art. Je n’ai aucun contact avec des illustrateurs ou des illustratrices professionnel.elle.s.

Si vous avez lu les articles de décembre, vous savez que je n’ai jamais discuté avec ces illustrateur.trice.s dans la vraie vie avant les interviews. Ainsi, j’étais très anxieuse, avant d’envoyer les invitations.

En me voyant passer des journées entières à hésiter, mon amie d’enfance m’a dit : « T’as choisi le mauvais moment pour stresser. Envoie ! Si on refuse, tu ne perds rien. Si on accepte, là, ça vaut le coup de commencer à stresser ! »

Sa remarque m’a fait tellement rire que j’ai pu envoyer 10 invitations en seulement 1 heure en espérant obtenir 3 acceptations. Et finalement, comme nous avons vu, j’ai eu 5 « oui », ou plutôt 6, vu que les fondateurs de Kaa Illustration ont tous les deux accepté d’échanger avec moi.

Et ma chance ne s’est pas arrêtée là.

De précieux échanges

Chaque discussion avec mes invité.e.s valait 100 séminaires de motivation !

Curieusement, je n’étais même pas stressée lors des interviews.

La discussion avec Laura Hedon était aussi détendue que celle que pouvait avoir deux collègues travaillant dans la même boîte mais qui ne se connaissaient que de noms. Huynh Kim Lien et Phung Nguyen Quang de Kaa Illustration étaient des senpais qui partageaient tout leur trésor à la petite newbie. L’interview de Lucile Escallier s’est vite tournée en papotage autour des sujets dont nous sommes toutes les deux passionnées. L’échange avec Wazza Pink ressemblait fortement à une séance de coaching privée. Ecouter Violette Imagine parler de son parcours était comme savourer un podcast réconfortant, et qui renforce la confiance en soi.

J’étais confiante que le contenu des futurs articles serait précieux pour les lecteur.trice.s.

J’avais prévu, au début, 30 minutes pour chaque interview. Mais tous les échanges ont duré plus d’une heure. Nous ne voyions le temps passer seulement quand Zoom se coupait automatiquement au bout de 40 minutes, vu que j’utilise la version gratuite !

Quand le chaos pointe le bout de son nez

Malgré la longueur des échanges, j’étais partante pour faire la transcription moi-même.

Et j’ai vite compris que c’était une grosse erreur.

Même avec l’aide des outils de transcription automatique, je n’arrivais à transcrire que 400 mots par heure. Alors que chaque discussion contient environ 10.000 mots. Logiquement, il me fallait 25 heures pour transcrire chaque interview, donc, 125 heures pour les 5 articles !

Et on était déjà en fin novembre !

Comme mon niveau de langue est limité, je perdais beaucoup de temps à vérifier l’orthographe et la grammaire. Je m’attardais à tourner la reformulation des phrases pour clarifier une idée, pour ensuite découvrir que cette clarification était prononcée 3 minutes plus loin dans la conversation. Ma vitesse de frappe est extrêmement lente…

Je suis clairement la mauvaise personne pour la transcription. J’ai donc décidé de déléguer.

A ce moment-là (et même aujourd’hui), mon activité d’illustratrice n’était pas encore rentable. Mon activité de créatrice de contenus n’apportait pas encore de revenus. (C’est pourquoi j’ai utilisé la version gratuite de Zoom qui se coupe toute seule !) Mais j’ai pris la décision de rémunérer 2 freelances pour transcrire les interviews, car je croyais incontestablement que ces articles seront utiles pour la communauté. 

C’est comme ça que Joséphine et Yến ont rejoint le projet.

Etant donné que le projet était plus complexe que ce que j’imaginais, j’ai mobilisé toutes les 5 amies / éditrices avec qui j’ai collaboré depuis le début du blog. J’avais également prévu un planning bien rodé, pour assurer la promesse de 5 articles de qualité en un mois, publiés à temps.

Mes amies/éditrices

Sauf que, j’avais oublié un détail… J’ai toujours le travail d’illustratrice à plein temps à côté du blog.

C’est moi, la source du chaos

L’effort de sauver un bateau qui coule

Chaque article devait être publié à 5 jours d’intervalle. J’ai prévu d’envoyer les articles en français et en anglais à mes éditrices 4 jours avant la publication.

Dès le premier article, j’ai pris du retard.

Avec un déplacement professionnel au début du mois, j’ai envoyé le premier article en retard à mes éditrices. Le 5 décembre, je courais derrière le temps pour publier l’article avant que le jour se termine.

A cause de ce premier retard, je devais terminer le deuxième article en une journée, si je voulais respecter le planning prévu ! Vu que l’interview était en vietnamien, et que ma capacité de traduction du vietnamien au français est moins développée que dans le sens inverse, j’ai décidé de solliciter l’aide de Yến, la freelance qui a réalisé les transcriptions en vietnamien.

On était le 5 décembre, voici quel était mon plan pour les jours suivants :

  • Le 6 décembre : je devais rédiger l’article en vietnamien, à partir de la transcription d’Yến
  • Le 7 et le 8 décembre : Yến s’occupait de la traduction en français
  • Le 8 décembre : je corrigeais la version traduite pour donner le ton et le rythme souhaité, puis, je la traduisais en anglais et je l’envoyais aux éditrices pour la relecture
  • Le 9 décembre : les éditrices corrigeaient les textes
  • Le 10 décembre : l’article pouvait être publié 

Le chaos inévitable

Cependant, même avec toute la volonté du monde, je n’arrivais pas à rédiger un article en une journée. Je décalais l’envoie à Yến d’un jour, puis de deux jours, puis de trois jours.

Le soir du 8 décembre, après qu’un souci technique a éteint mon ordinateur avec l’article en vietnamien toujours pas fini, je me suis effondrée sur le tapis.

Voici le constat :

  • C’était carrément trop tard, pour cet article, de l’envoyer pour traduction, puis, pour correction ;
  • Depuis 2 semaines, je travaillais de 6h30 du matin à 22h30 du soir. Non-stop. J’étais totalement absente de ma vie de famille et de ma vie de couple. Et malgré cela, je n’arrivais pas à assurer le planning ;
  • J’ai demandé de l’aide à mes amies, et je les ai entrainé dans une précipitation pas possible, en fin d’année, durant une période charnière pour tout le monde ;
  • Nous n’étions qu’au deuxième article et j’étais déjà coulée. Et il en resterait 3 autres…

Tout ça pour…

Le chaos, vu sous un autre angle

Le 8 décembre 2022, je me suis endormie en larmes.

Mais le lendemain, le soleil continuait à se lever, et ce qui était à faire devait être fait.

La nuit a porté conseil. J’ai ajouté des lignes à mon constat :

  • Nous étions le 9. La date de publication était le 10. Techniquement, j’étais encore dans les temps ;
  • La situation était chaotique, mais j’aimais ce que j’étais en train de faire ;

J’ai également identifié ce qui me faisait perdre autant de temps en rédaction.

Avec une transcription de 10.000 mots, j’étais rendue à un article de 6000 mots. Et ça faisait 2 jours que je cherchais à raccourcir le texte, sans supprimer des sujets en entier ou nuire à la compréhension.

Je suis retournée à la raison pour laquelle j’avais lancé cette série spéciale. Je voulais aider celles et ceux qui rêvent de devenir illustrateur.trice, comme la An du passé. Alors, pour chaque passage, je me suis posé la question « Est-ce que la jeune An a besoin de lire cela ? ». Vu que la réponse était « oui » à chaque fois, j’ai validé la longueur de l’article, et je suis passé à la traduction.

Quand le chaos vaut le coût

Le 10 décembre, le deuxième article était en ligne, comme prévu.

Si vous avez lu les articles de la série spéciale, vous avez pu voir que j’ai organisé un Giveaway auquel les lecteur.trice.s pouvaient participer via un formulaire. J’avais rajouté une ligne, dans ce formulaire, pour que les gens puissent m’adresser un message, s’ils le souhaitaient. Ce formulaire en question se trouvait à la fin de chaque article, qui comportait plus de 6000 mots. Je pensais donc qu’il y aurait au maximum 10 participants, avec 5 messages.

Mais ce midi du 10 décembre, devant les 40 messages reçus, j’ai fondu en larmes sur le tapis, encore une fois. Ces messages sont remplis de soutien, de gratitude, et surtout, des pavés d’histoires personnelles.

J’ai tout de suite arrêté de complexer sur le nombre minuscule de commentaires sur mon blog. La plupart de mes lecteurs mènent un rêve créatif caché. Evidemment qu’ils ne veulent pas laisser un commentaire public pour s’exprimer sur un rêve interdit par leur entourage. Ils ressemblent à… la An du passé. 

Avant ce jour, je croyais fortement à l’utilité de ce projet. Et ce jour-là, je savais que ce projet avait apporté de la valeur concrète aux personnes qui en avaient besoin. Tout ce chaos valait le coût.

Le chaos a changé mon processus

Comment je suis passé du loup solitaire en manager

Même si les messages de mes lecteurs m’ont réconforté, il me fallait quand même une solution pour sortir du chaos.

Je ne pouvais clairement pas assurer le fonctionnement prévu avec mes éditrices. Soit cela me demandait de respecter un délai de 4 jours plus tôt pour chaque article, ce qui était impossible, vu la gestion des deux premiers ; soit je devrais imposer un délai 3 fois plus court aux éditrices, avec des textes 3 fois plus longs que d’habitude.

En temps normal, je n’envoie un article à une éditrice qu’une fois que le texte est complet et propre. Sauf qu’il me fallait plusieurs jours de travail pour transformer une transcription en article fini. Avec la fatigue, mon processus devenait de plus en plus long et je faisais de plus en plus de gaffes.

En me voyant me tuer à la tâche avec une armée d’éditrices constamment en attente, Joséphine, mon amie / cousine / transcriptrice / éditrice m’a trouvé la solution en 3 points :

  1. Comme c’était Joséphine qui avait transcrit l’ensemble des interviews en français, elle m’a proposé de préparer les 2 textes en français qui restaient (transformer le langage parler en langage écrit, couper les passages redondants…), pour que j’intervienne en apportant une vraie valeur ajoutée sur le contenu et la structure ;
  2. Joséphine n’avait pas besoin d’un délai large pour la correction, elle pouvait donc s’occuper de la correction de l’ensemble des textes en français ;
  3. Comme la plupart des personnes qui lisaient mes articles au moment de la sortie lisaient en français et en vietnamien, nous devions privilégier ces deux langues. Je pouvais donc donner un délai plus large à mes éditrices en anglais, et Joséphine s’occuperait de mettre à jour la version corrigée des articles déjà publiés.

Et c’est comme ça que j’ai embauché ma première éditrice en cheffe dans mon activité de créatrice de contenu.

Ensemble on va plus… vite !

Pendant que Joséphine décortiquait la transcription du 3ème article, je rédigeais le 4ème.

Quand je rédigeais le 3ème, elle corrigeait le 4ème.

Quand je traduisais le 4ème elle préparait le 5ème.

Etant donné que je n’ai pas à attendre d’avoir une version d’article propre et complète pour envoyer à mon éditrice en cheffe, je pouvais même lui envoyer le corps du 5ème article à corriger pendant je rédigeais son introduction.

Le nouveau fonctionnement à deux a désamorcé les retards, comme par magie.

Les 3ème et 4ème articles ont été postés à temps.

La publication du 5ème article a été planifiée automatiquement un jour en avance, un jour avant Noël. 

Le chaos apporte des leçons

Leçon 1 : Envoyer d’abord, stresser après !

C’est mon nouveau mantra à chaque fois que je dois contacter des personnes que je ne connais pas. Economisons notre stress ! 😉

Leçon 2 : Ecouter ma communauté

Avant d’avoir vos retours, je ne pouvais que deviner l’utilité de mes contenus. Mais avec vos messages, je sais quelles sont vos préoccupations, et comment je peux vous aider avec les prochains articles de blog, ou les prochaines vidéos.

Je suis reconnaissante des messages que vous m’avez envoyé, et je les relis à chaque fois que j’ai des doutes sur ma légitimité en tant que créatrice de contenus (ou bloggeuse / YouTubeuse, plus précisément).

J’ai adoré échanger avec vous à travers les 3 mails que je vous ai envoyé pendant la durée du Giveaway. Je décide donc de mettre en place un envoie de mail mensuel, qui sera notre rendez-vous avec plus de proximité, et plus de convivialité. A la fin de chaque mois, je partagerai avec vous une leçon que la vie créative m’a apprise, et je vous ferai un point sur mes créations du mois.

Voici le lien pour vous abonner à ma Creati’letter : lien d’abonnement

En parlant de créations et de retours, je voudrais tester un format de vidéo plus court, pour partager avec vous plus spontanément, et avoir vos retours plus souvent. Vous pouvez regarder mes Shorts et Reels Réflexions sur YouTube et Instagram.

Leçon 3 : Who, not how

Dans le livre L’Art de bien s’entourer (Who not how), l’auteur Dan Sullivan a affirmé :

La question à se poser n’est pas « Comment puis-je faire cela ? » mais « Qui peut le faire à ma place ? »

J’ai appris à déléguer, en comprenant que je n’étais pas indispensable pour toutes les étapes du processus de création. Il y a même des étapes où ma contribution bloque l’avancement. Il existe des personnes qui sont douées dans les domaines où je rame. Et il est temps pour moi de les laisser agir à ma place.

Joséphine est officiellement devenue mon bras droit, mon éditrice en cheffe pour la création de contenus.

J’ai vu l’impact que la série spéciale a eu chez certains d’entre vous. Je souhaite créer plus d’impact positif. Et je n’y arriverai pas seule. Je n’obtiens pas encore de revenus avec la création de contenus, aujourd’hui, mais je suis sérieuse avec cette activité. Je la rendrai durable, pour moi, pour mon bras droit, et pour mon fidèle assistant Romarin.

Un dernier problème

La plupart des questions posées dans les interviews de la série Illustrateur.trice : le métier venait des messages privés que vous m’avez envoyé. Avec les articles de décembre 2022, les invités, des expert.e.s en or, y ont répondus. Néanmoins certain.e.s parmi vous me demandent encore quelle peut être ma propre réponse.

Mais… je suis encore un bébé dans le métier ! Je ne me suis déclarée en tant qu’illustratrice qu’en juin dernier, je n’ai pas encore de client tous les mois, je reçois encore des allocations de Pôle emploi et je n’utilise que la version gratuite de Zoom. 😀

Si vous tenez absolument à lire ma réponse, attendez la fin de cette année, pour que j’acquière plus d’expériences, d’accord ? Je répondrai à l’ensemble des questions de Illustrateur.trice : le métier en décembre 2023, si tout se passe bien. 😉

En attendant, je reprends le rythme de deux articles de blog par mois. Rendez-vous ici, et dans les Creati’letter, et aussi sur YouTube et Instagram pour les Réflexions !

Keep creating!

Tu Ha An

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