Edité par Mélanie Bouleau, la meilleur collègue de tout l’univers
Cet article fait partie de la série spéciale « Illustrateur.trice : le métier », où vous trouverez la réponse aux questions que vous m’avez posées le plus souvent sur ma profession.
Pour cette occasion exceptionnelle, j’ai invité les consœurs et confrères talentueux.ses pour nous apporter les points de vue réalistes, détaillés et sincères sur le métier d’illustrateur.trice.
Huỳnh Kim Liên et Phùng Nguyên Quang de Kaa Illustration, illustrateurs, auteurs jeunesse
Liên et Quang sont un couple vietnamien, vivant et travaillant au Vietnam. Sous le pseudonyme Kaa Illustration, ils créent des histoires pleines de poésie, aux traits minutieux, et couleurs pétillantes.
Je me souviens encore des pauses de midi où je rêvassais en admirant les illustrations sur la page Facebook de Kaa, lorsque j’étais stagiaire dans une entreprise de transport. Je me souviens aussi de la fois où j’observais un livre illustré par Kaa, derrière les vitrines d’une librairie au centre ville de Dijon, un jour de brouillard. Alors, je n’arrivais pas à empêcher ma main de trembler, au moment d’activer l’appel vidéo avec eux.
La conversation allait complètement à l’encontre de mon imagination. Au lieu de discuter 30 minutes, nous avons plaisanté pendant une heure et demie. Au lieu de donner une interview, ils étaient comme deux seniors qui apportaient avec joie leur mine d’or pour partager avec leur petite newbie.
Pour faciliter la lecture de l’article, j’ai combiné les dialogues où Liên finissait la phrase de Quang, et inversement, en une seule réponse sous le nom Kaa. Pour le reste, je garde les réponses de chacun séparément.
J’essaie de retranscrire, le plus fidèlement possible, l’atmosphère décontractée de ce jour-là, quand Liên et Quang racontent des anecdotes tout en dessinant, quand ils se lèvent pour me montrer leurs bureaux côte à côte, ou quand ils m’emmènent visiter (virtuellement) leur bibliothèque.
J’espère que vous ressentirez la simplicité dans les mots de Liên et Quang, tout en remarquant le respect qu’ils ont envers leur métier d’illustrateur.trice. Cette conversation est un trésor, que je suis certaine que vous aurez le plaisir de la découvrir en entier.
Meet the artists
Table de matières
Étant donné que la conversation est longue (et que je ne veux pas tailler le trésor), voici la table des matières, pour faciliter votre lecture, votre relecture, et vos futures recherches :
Illustration pour enfants : la cours des grands
Le quotidien de deux illustrateurs jeunesses
Từ Hà An (An) : Comment résumez-vous votre quotidien ?
Huỳnh Kim Liên (Liên) : Notre travail consiste uniquement à illustrer des livres jeunesses (picture book en anglais).
Phùng Nguyên Quang (Quang) : Je suis responsable des réponses aux e-mails de demande de collaboration, de la part des clients. Ensuite, nous proposons un tarif. Si le client est d’accord, nous discutons du planning prévisionnel.
Concernant le processus de travail, nous créons plusieurs options de croquis pour le client. C’est le client qui choisit l’option qui lui convient le mieux. Il peut nous suggérer des modifications si besoin. Après avoir validé la version modifiée, nous passons à l’encrage, pour transformer le croquis aux traits grossiers en croquis détaillé. Puis, nous numérisons ces croquis pour colorier sur ordinateur. Souvent, plusieurs modifications seront exigées et effectuées sur la version coloriée. Une fois que la dernière version est terminée, nous pourrons considérer que le job est terminé
(note : « le job » ici désigne « le projet client ». Le terme « job » est le terme officiel utilisé dans le milieu d’illustration au Vietnam.)
Liên : Pour certains projets, c’est Quang qui fait le croquis, et moi, je m’occupe du coloriage. Pour d’autres projets, nous inversons les rôles, pour varier un peu. Nos logiques de création sont assez différentes, alors ça arrive qu’un livre soit réalisé entièrement par un de nous deux.
Habituellement, nous illustrons de 4 à 5 livres en même temps. Nous entamons l’un en attendant le retour des clients sur les autres.
Bref, nos journées tournent autour des tâches suivantes : dessiner, envoyer les dessins et répondre aux e-mails. Quand nous avons du temps, Quang met à jour notre site internet, et moi, je mets à jour notre page Facebook.
Sinon, le reste de notre temps est consacré à nos 3 chats, et à traîner sur Facebook !
Agency : une fusée qui booste la carrière ?
Liên : Et toi ? Quel type d’illustration fais-tu ? Sur ton site, tu dis que tu travaillais dans le secteur ferroviaire, non ?
An : Oui, je travaillais dans la sécurité ferroviaire. Aujourd’hui, je suis illustratrice à temps plein. J’espère avoir bientôt mon premier projet d’illustration de livres jeunesse.
En attendant, j’illustre pour les magazines, ou pour les créateur.trice.s de marque, du type création de logo illustré, ou dessiner une bannière sur les réseaux sociaux. Ce mois-ci, je n’ai que des clients particuliers pour illustrer leurs familles ou leurs animaux.
En parallèle, je m’occupe du graphisme d’une marque éducative. En gros, je prends tous les projets qui génèrent des revenus.
Liên : Au début, je jonglais entre plusieurs types de jobs aussi. As-tu une agence, ou tu gères tout, toute seule ?
An : Je n’ai pas encore d’agence. Je ne me sens pas encore assez expérimentée pour postuler dans une agence. Je pense qu’il faut que j’apporte une certaine valeur ajoutée pour que l’agence accepte de m’intégrer.
Trouvez-vous qu’avoir une agence apporte des améliorations notables sur votre travail ?
Kaa : Pour nous, oui, absolument. Mais cela dépend du cas de chaque illustrateur.trice, et cela dépend aussi de l’agence. Chez certains de nos amis, travailler avec une agence est même moins efficace de travailler sans, car leur agence n’est pas assez proactive.
Liên : Mais ton raisonnement est bon… Si ton portfolio n’est pas encore assez épais, mais tu es déjà coincé avec une agence, tu perdras beaucoup d’argent en commissions pour l’agence. De plus, si tu dois toujours passer par l’agence pour décrocher un job, tu n’auras pas de clients réguliers à toi.
Diminuer le nombre de tâches qu’on n’aime pas, pour consacrer du temps aux tâches qu’on aime
Liên : Ça ne fait que 3 ans que nous avons une agence. Avant cela, nous avions déjà une clientèle régulière en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Nous ne demandons de l’aide de notre agence que pour les tâches administratives, pour élaborer le planning ou pour rappeler aux clients de nous donner leur avis sur les projets en cours…
Mais il faut quand même que nous savions faire toutes ces tâches nous-même, pour avoir de l’expérience. Avant, quelques fois, nous avions l’impression que notre travail à temps plein était de répondre aux e-mails, et dessiner qu’un travail à mi-temps à côté.
An : Oh… c’est la description exacte de ma vie actuellement…
Quang : Je me souviens de la fois où j’ai dû prouver que nous étions Vietnamiens et vivions au Vietnam, pour le calcul des impôts. Je devais me rendre au service administratif du quartier, pour obtenir un certificat de résidence, puis le faire traduire en anglais par un traducteur agréé, pour ensuite, l’envoyer en France…
C’était laborieux de gérer les contrats, les impôts, les documents administratifs sans une agence.
D’ailleurs, dans de nombreux cas, il est plus facile et plus professionnel de laisser l’agence négocier les contrats avec les clients que d’y aller nous-mêmes.
Dessiner suffit
Tout simplement, parce que nous voulions dessiner
An : Dans une interview, vous avez mentionné que vos familles ne soutenaient pas votre choix de devenir illustrateurs. Qu’est-ce qui vous a motivé à suivre ce métier ?
Quang : En vrai, ma famille n’a pas été aussi radicale. Mes proches ne m’ont jamais supprimé de l’arbre généalogique juste parce que j’ai décidé de devenir illustrateur.
À cette époque, je venais d’être diplômé de l’Université d’architecture, en urbanisation. Ma famille pensait que je passerais un à deux ans maximum à gribouiller à droite à gauche, puis tôt ou tard, je retournerais sur « le droit chemin ».
À ce moment-là, je n’avais ni argent, ni relations. Les jobs étaient tellement rares. Liên et moi, nous avons grave galéré. Mais à ce moment-là, j’ai juste pensé que, quoi qu’il arrive, je ne voulais pas arrêter de faire ce travail. Je voulais continuer à dessiner. Je pouvais tout arrêter, sauf le dessin. Tant que je gagnais assez pour manger 3 repas par jour, ça me suffirait.
Liên : À cette époque, même nous, nous ne savions pas si un avenir nous attendait. Le métier d’illustrateur.trice n’était pas encore développé. Personne n’arrivait à obtenir un revenu viable avec ce métier.
Quang : Nous ne pouvions qu’admirer de loin les artistes célèbres comme Phan Vũ Linh, ou Khoa Lê.
Maintenant que Phan Vũ Linh a ouvert son studio et lancé son projet de figurines de dinosaures, tout le monde voit que l’illustration est une industrie avec beaucoup de potentiel. Mais quand nous avons commencé, nous n’avions pas ce genre de success story pour juger la viabilité de notre métier.
L’étincelle pour allumer la torche
An : Pour vous, quelle est la chose la plus importante pour commencer le métier ?
Quang : Pour moi, c’est le fait d’avoir obtenu le premier job.
Heureusement, à cette époque, j’ai été initié à un job, pour dessiner des mascottes, pour une petite agence de publicité. Ce job ne nécessitait aucune expérience.
Mais ce travail était tellement important. Sans ce job, je ne me serais peut-être jamais lancé dans l’illustration.
An : C’était grâce à ce job que tu as appris le déroulement d’un projet illustration ?
Quang : Non non, ce job consistait uniquement à dessiner un père et un fils, qui discutaient ensemble dans la position debout, avec une certaine expression faciale.
J’étais encore étudiant, donc personne n’attendait une illustration épique de ma part. Mais au moins, j’avais un job à réaliser.
Je considère ce job comme la motivation pour me lancer. C’était la première brique sur laquelle je m’appuyais, en me persuadant que… OK, j’avais pu gagner de l’argent avec mon dessin.
Le job appelle le job
An : Avant d’avoir une agence, avez-vous contacté le client via Behance ou directement par e-mail ?
Liên : Au tout début, quand ma technique de dessin n’était même pas au point, je prenais pas mal d’initiatives pour trouver des jobs.
Nous avons même travaillé à temps plein pendant un certain temps, au début. Quang a travaillé pour Xilam. Moi, j’ai postulé aux sociétés de jeux vidéo et aux studios.
Nous nous sommes ensuite mis à notre compte. Mais nous gardions le contact avec nos anciens patrons et nos clients des anciennes boîtes. Grâce au bouche-à-oreille, nous avons obtenu des jobs. Nous prenions tous les jobs qu’on nous proposait.
Nous avons fait ça pendant 3 ans. Nos portfolios commençaient à se remplir. Je commençais à poster mes projets sur Instagram. Les clients nous contactaient après avoir vu des photos des jobs que nous avons effectués. Le job appelle le job.
Nous n’avions pas l’opportunité d’illustrer un livre en entier au départ. On ne nous confiait qu’une petite partie d’un livre. Nous avions aussi des clients particuliers qui souhaitaient juste un livre personnel, pour leurs enfants. Nous avons tout accepté.
Quang : Le client qui voit la photo de ton illustration individuelle ne te contactera pas forcément. Mais dès qu’il voit un livre que tu as réalisé, il aura la preuve que tu as de l’expérience. Puis, les anciens clients reviendront si tu fais du bon travail.
Persévérer sur le long chemin
Traverser les jours de pluie…
An : Combien de temps s’est écoulé entre le moment où vous vous êtes lancés officiellement, et le moment où vous considérez que vous gagnez votre vie ?
Quang : En 2010, j’ai commencé à accepter les jobs en parallèle de mes études universitaires. Puis, vers 2012, 2013, j’étais salarié à temps plein. Fin 2014, début 2015, je suis devenu indépendant (freelance). Nous sommes restés indépendants depuis.
Au début, il y avait des mois où nous ne faisions pas rentrer d’argent…
Liên : C’est vrai qu’à cette époque, nous dessinions des cartes, nous vendions des cartes postales, des T-shirts, des décorations… Nous nous rendions sur des salons, nous mettions nos créations sur Etsy…
Du coup, ça fait 12 ans que nous sommes dans le métier. Mais ça ne fait que 4 ans que nous considérons que notre travail est stable. C’est long, n’est-ce pas ?
An : Alors la persévérance et la détermination sont primordiales pour suivre ce métier, n’est-ce pas ?
Quang : Absolument. Il y a des moments où ce chemin nous mène jusqu’au fond d’un trou, où je finis par penser que je ferais mieux de faire autre chose, ou de chercher un travail à plein temps…
Liên : … Mais dès que ça descend, il y a souvent, par pur hasard, une autre opportunité qui nous aide à remonter. Petit à petit, tout ira bien.
Je garde aussi une petite conviction que, tant que je ne me fixe pas des objectifs trop élevées, tant que je sais toujours dessiner, et que les gens me proposent encore de dessiner, ça ira. Inutile de réfléchir plus loin. Eh bien, en vrai, bien évidemment que je pensouille, mais à chaque fois, je m’oblige à simplifier mes pensées.
… puis arrive la journée ensoleillée
An : Parmi vos activités, laquelle vous rapport le plus de revenus, et laquelle vous apporte le plus de bonheur ? Est-ce que vos sources principales de revenu et de bonheur viennent d’une même activité ?
Kaa : Effectivement, c’est la même. Car aujourd’hui, nous n’illustrons que des livres jeunesse.
Avant, nous ne pouvions pas gagner notre vie en illustrant uniquement les livres. Heureusement que nous avions des jobs de publicités, au Vietnam.
Mais il y a exactement 3 ans, nous nous sommes rendu compte qu’illustrer pour la publicité nous éreintait.
Liên : Peu à peu, nos revenus des jobs d’illustration de livres ont augmenté, les royalties ont également augmenté, grâce aux ventes de livres. Les commissions des livres finalisés des années avant sont aussi tombées.
Une fois que les revenus provenant des livres jeunesse nous suffisaient pour vivre, nous avons refusé tous les jobs publicitaires. Nous ne faisons plus que des livres jeunesse, mais nos salaires sont plus élevés que lorsque nous faisions des illustrations pour la publicité.
Choisir la passion ou choisir la stabilité ?
An : Je suis persuadée que faire ce que nous aimons de tout notre cœur fera nous sentir accomplis et pleinement heureux.
Néanmoins, les gens doivent souvent choisir entre faire ce qu’ils aiment, ou faire ce qui leur procure la stabilité…
Quang : Le plus simple est de revoir nos attentes à la baisse. C’est déjà une chance de faire ce que nous aimons, et d’en vivre. Il ne faut pas que nous espérons que notre métier devienne une grande fierté.
Si tu choisis de dessiner, sois juste illustratrice. Tu ne pourras pas répondre à toutes les autres normes de la société.
Liên : Nous deux, nous sommes heureux facilement. Nous n’avons ni le besoin, ni l’envie d’acheter une maison ou une voiture, ou d’avoir de la notoriété.
Quang : À ce jour, nos familles pensent encore que « Eh bien, tant que tous les deux, ils ont un toit sur la tête et 3 repas chaque jour, ça va. ». Ils ne sont pas fiers de notre métier.
Mais nous n’avons pas d’attentes, tant que nous nous amusons à dessiner, ça va.
Les détails vietnamiens dans les livres exposés dans les vitrines des librairies du monde
An : J’ai remarqué que vous intégrez des touches culturelles vietnamiennes dans vos œuvres et vos livres.
Il semble que le marché international apprécie et réclame la présence de la diversité culturelle, la diversité régionale ou la diversité des genres, etc.
Estimez-vous qu’être asiatique est un avantage, qui rassure vos clients, lorsqu’ils vous confient des contenus multiculturels ?
Liên : Nous aimons représenter la culture vietnamienne, dans l’ensemble. En général, nous aimons dessiner l’Asie du Sud-Est, et pas toute l’Asie. Par exemple, nous aimons observer des peintures, des illustrations sur la Chine et le Japon, mais nous aimons moins des illustrations relatives à ces pays.
Quand nous avons l’occasion de dessiner des thèmes en lien avec la culture d’Asie du Sud-Est, nous sommes contents.
Je ne me suis jamais demandé si être asiatique est un avantage ou pas. En réalité, les illustrateur.trice.s asiatiques sont très nombreux.
Quang : Récemment, vous avez reçu de nombreux manuscrits écrits par des Vietnamiens d’outre-mer. Je pense que c’est une bonne chose, car ils privilégient les illustrateur.trice.s qui connaissent la culture vietnamienne pour dessiner le Vietnam. C’est donc peut-être un avantage pour nous.
Liên : Mais ça dépend aussi, si notre style convient ou non aux exigences du client.
Je pense que, simplement, je me sens plus proche des personnages, quand je dessine des livres sur l’Asie. Des fois, la description du projet suffit pour m’émouvoir.
Quang : Ou parfois, l’image se crée tout seul dans mon esprit, je n’ai même pas besoin de consulter de références ou regarder des films.
Par exemple, pour les livres sur l’Europe avec des personnages européens, tu devras faire des recherches pour comprendre à quelle époque, quelle année ces personnages ont vécu, quels vêtements ils portaient. Alors que quand nous dessinons les Asiatiques, ou les Vietnamiens, rien qu’en lisant le texte, nous arrivons déjà à visualiser de quelle région vient le personnage, et à quoi le paysage ressemble.
Les études universitaires en Art : l’avantage dès la ligne de départ ?
An : Pensez-vous que les études universitaires en art peuvent apporter un avantage notable dans la carrière d’illustrateur.trice ?
Quang : Au début de ma carrière, quand je galérais à poser sur papier mes idées, j’observe les anciens étudiants d’art, et je me souviens avoir envié leur technique de mélange des couleurs. Ils ont une façon de faire si spéciale, si délicate.
Je sentais clairement que je manquais de connaissance technique. Et il fallait passer le concours d’entrée aux Beaux-Arts pour les atteindre.
J’ai l’impression qu’en dehors des connaissances générales que j’avais, comme la lumière, ou l’ombre, les connaissances appliquées correctement par les étudiants en art sont tellement originales, tellement extraordinaires.
Avec le temps, et l’expérience dans le métier, j’ai comblé ces manques en autodidacte. Petit à petit, j’avais moins l’impression d’être un imposteur.
Liên : Comme je n’ai pas suivi d’études supérieures en art, j’ai suivi plusieurs formations individuelles pour me rattraper. J’ai suivi le cours d’écriture de livres illustrés Room To Read d’Alfredo Santos, le cours Color Theory de Lai N Nguyen, le cours de peinture à l’huile de Phan Vu Linh… J’ai sauté sur toutes les opportunités d’apprendre.
Nous n’avons pas besoin de diplôme pour travailler dans cette industrie. Mais avoir un environnement méthodique et adapté dès l’âge de 18 ans, 19 ans nous aide à affiner notre mentalité et notre esprit.
Quang : Dans le milieu universitaire, on se retrouve souvent avec des dizaines de camarades, à construire un projet en commun, n’est-ce pas ? Cela nous aide à évoluer parmi nos pairs.
Liên : Avec le temps, je suis très contente d’avoir pu construire un groupe d’amis du même métier, avec qui dessiner. Grâce aux amis, à chaque fois que j’ai un coup de mou, il y a toujours quelqu’un pour me relever.
Bref, études universitaires en art ou pas ? Si vous avez l’occasion et les moyens, choisissez les études !
Envisages-tu d’aller aux Beaux-Arts?
An : Non, je n’ai pas prévu de reprendre les études.
En ce moment, je suis en train de suivre plusieurs cours et ateliers dans la région. Je suis reconnaissante de vivre dans une époque où on a accès à plusieurs cours en ligne, du type Skillshares, Domestika, Artesane…
Quang : Nous avons aussi beaucoup appris de ces sources. Comme nous n’avons pas eu de formations académiques, nous cherchons toutes les opportunités d’enrichir nos connaissances.
Liên : Exactement. Je ne crois pas que cette profession est élitiste, l’important est de rester longtemps dans le métier. Je connais des personnes tellement talentueuses et brillantes, mais au bout d’un moment, elles n’arrivaient plus à suivre ce chemin. Garder l’endurance est plus important que percer dès les premiers jours. Alors vas-y doucement.
Quang : Nous choisissons ce métier pour dessiner pour toujours, du coup, prends ton temps. C’est OK d’avancer petit à petit, tous les jours, pas besoin de courir plus vite que les autres.
« Nous travaillons uniquement pour ces compliments, tu sais ? »
An : Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans votre métier ?
Liên : Nous adorons illustrer les livres pour enfants. Alors à chaque fois que nous recevrons le texte d’un livre, nous nous sentons heureux. Nous sommes heureux dès la découverte du contenu, et même pendant la phase de recherche de références, ou quand nous réfléchissons à la façon de transformer le contenu en images. Nous apprécions aussi d’écrire nos propres histoires, puis de les illustrer.
Ce sont les tâches qui nous rendent le plus confortables, et heureux… Eh bien, en réalité, c’est quand même laborieux, mais ça reste la chose que nous aimons faire le plus au monde.
Nous avons vu des livres tellement beaux, tellement émouvants, et nous espérons juste pouvoir créer des livres illustrés qui ont autant d’impact. Nous avançons progressivement sur ce chemin, nous avons réussi à publier nos premiers livres, puis, le suivant est un peu meilleur que le précédent, et ainsi de suite…
An : Est-ce que My first journey est le livre qui vous rend le plus fier ?
Liên : En réalité, il y a beaucoup de livres, que nous illustrons pour le texte d’autres auteurs, qui nous rendent fiers aussi.
Les livres dont nous sommes auteurs complets (note : à la fois auteurs et illustrateurs) sont ceux qui nous procurent le plus de charge mentale et de stress durant la réalisation. Mais quand nous dessinons pour d’autres auteurs, et que nous apprécions l’histoire… Une fois le livre publié, les lecteurs l’apprécient, l’auteur apprécie, le livre se vend correctement, nous sommes pleinement heureux.
An : Y a-t-il des retours, de la part des lecteurs, ou des clients, qui vous ont ensoleillé vos journées ?
Kaa : Évidemment que oui, il y en a encore aujourd’hui. Nous sommes reconnaissants de tous les compliments.
Liên : Chaque fois que nous envoyons une illustration au client, et il nous renvoie un compliment, du type « Oh mon dieu, c’est tellement magnifique ! », ou « Vous me rendez tellement heureux ! « , ça suffit pour combler notre journée. Nous travaillons uniquement pour ces compliments, tu sais ?
De temps en temps, nous jetons aussi un coup d’œil sur Amazon ou Goodreads. Et si nous voyons un nouveau retour positif, nous sommes aussi très contents.
Quang : D’ailleurs, faites davantage de compliments aux illustrateur.trice.s, d’accord ? Félicitez les artistes avant d’envoyer les critiques, OK ? *rire*
Liên : En fait, nos clients sont tous gentils, en général, ils commencent toujours par les compliments, avant de suggérer des modifications.
Plus le temps passe, plus nous avons des clients agréables. Ce qui nous a le plus étonné, est que, les clients qui ont le plus gros budget, et qui nous payent le plus cher, sont ceux qui nous respectent le plus. Dans le passé, c’était avec des petits clients, aux petits budgets, que nous étions coincés dans des situations ignobles et cocasses, que les illustrateur.trice.s racontent souvent en parlant de notre milieu.
Le cercle vertueux des illustrateur.trice.s
An : Dans le livre Big Magic, Elizabeth Gilbert a présenté le concept de tartine de m*rde :lorsque les gens observent des métiers qu’ils n’exercent pas, en particulier les métiers créatifs, ils ne voient que ce que nous avons choisi d’exposer, dont des choses formidables, des avantages, le côté rêveur et glamour.
Les faces cachées, les risques, les contraintes ne sont connues que par ceux qui sont dans la profession. Si nous ne pouvons pas accepter d’avaler la tartine de m*rde, ce n’est pas la peine de suivre un métier créatif.
Y a-t-il une tartine de m*rde que vous êtes obligé de stocker chez vous, sans aucun moyen de la jeter ?
Quang : Ça, je l’ai constaté aussi parmi nos pairs dans le même milieu.
Ça m’arrive de regarder une œuvre d’un autre illustrateur, et d’être fasciné à quel point elle est parfaite. Puis, je deviens persuadé que les œuvres de cet artiste doivent automatiquement êtres belles, chatoyantes. Puis, je me demande comment il peut dessiner si aisément… alors que moi, je galère à chaque fois que je veux poser sur papier mon imagination. Je trouve que mes illustrations ne sont jamais assez justes, ou assez belles, ou assez biens.
Mais, en fait, l’artiste qui a créé de si belles images rencontre aussi une tonne de blocage. Durant le processus de dessin, lui aussi, il était crevé, il se cassait aussi la tête pour trouver le bon angle, la bonne composition, le bon personnage.
Finalement, tu verras, parfois, t’y arriveras du premier coup, mais dans la plupart des cas, à tes yeux, tes illustrations ne seront pas assez, pas assez harmonieuses, pas assez pétillantes… Mais si tu penses que c’est le meilleur résultat que tu peux fournir à l’instant T, alors poste-le, envoie-le ! C’est avec les compliments et les critiques constructives que t’auras une vision objective.
C’est un cercle vertueux : nous essayons, nous galérons, nous luttons, une fois l’illustration terminée, nous envoyons, nous postons, et nous nous sentons soulagés, heureux, fiers. Puis nous répétons le processus à nouveau, encore et encore. Mais globalement, ça reste amusant.
An : C’est-à-dire que cette boucle est contraignante, mais principalement amusante, n’est-ce pas ?
Liên : C’est principalement traumatisant, l’amusement est totalement secondaire ! *rire*
Quang : Mais maintenant, si on me propose de tout quitter pour un autre métier, pour faire face à d’autres problèmes, je préfère être coincé avec cette tartine de m*rde.
Liên : Si là, tout de suite, je gagnais à la loterie, une somme qui me permettrait d’arrêter de travailler jusqu’à la fin de ma vie, je pense tout simplement que, cet argent me permettrait juste de dessiner plus confortablement, je pourrai créer ce que je veux, dessiner ce que je veux. Mais je n’arrêterais pas de dessiner.
La menace venant de l’évolution technologique ?
Et si demain l’IA volait le travail des illustrateur.trice ?
An : De nos jours, il existe de nombreux modèles, ou applications où on a besoin de ne faire que quelques clics pour obtenir un dessin formidable, à partir d’une photo.
Récemment, un Américain a remporté le premier prix du concours d’art Colorado State Fair grâce à une œuvre entièrement réalisée à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle (IA).
Pensez-vous que ces évolutions technologiques forment une menace pour notre métier d’illustrateur.trice ?
Quang : Je ne prête pas beaucoup d’attention à ces choses. Dans le milieu des livres illustrés, cette problématique n’est pas encore présente.
Je ne considère pas ce que l’IA crée est de l’art, et je ne pense pas qu’elle pourra remplacer les artistes. J’y prêterai attention le jour où les maisons d’édition décideront de publier des livres illustrés par l’IA à la place des livres illustrés par l’humain.
Kaa : En vrai, nous avons de la chance, beaucoup de chance, durant tout notre parcours d’illustrateur.trice.s.
Donc si les évolutions de notre époque nous éliminent, nous ne lutterons pas. S’indigner ne résoudra pas le problème. Au pire, nous ferons un autre métier, tout en continuant à dessiner pour nous-mêmes.
… Cela dit, passer à une carrière dans la comptabilité ou dans le ferroviaire ne fonctionnera pas non plus. Probablement, nous irons juste… vendre des livres. Mais laissons ce souci au futur.
Les « vrais » soucis
An : Y a-t-il quelque chose qui vous rend inquiets à ce jour ?
Liên + Quang, en même temps : Les DEADLINES. (note: le mot « deadlines » est le mot utilisé par Kaa lors de l’interview. Traduction: échéances.)
Liên : Là, je suis en train de faire l’interview avec toi en dessinant !
Ce livre a été commandé depuis déjà un moment. Mais nous n’avions pas pu avancer dessus comme prévu, pour des raisons familiales. D’ailleurs, nous sommes auteurs complets sur ce livre, donc c’est très stressant. J’ai prévu dans ma tête des modèles de critiques que les lecteurs auront sur le livre, et j’imagine même comment y faire face…
Quang : Je me demande si j’arriverai à finaliser les illustrations à temps, si les illustrations sont assez belles, si les lecteurs apprécieront, le livre recevra-t-il beaucoup de critiques ?
Liên : Quang se soucie même de la situation économique mondiale, car il a peur qu’on arrête de publier des livres illustrés.
Quang : Nous plaisantons. En vrai, nous ne sommes pas trop inquiets. *rire*
Le trésor partagé avec la newbie
Nous investissons tout l’argent qu’on gagne dans les livres
An : Avez-vous des suggestions, des conseils, des livres, des podcasts, des sites internet ou toute autre source fiable pour en savoir plus sur la profession, pour ceux qui rêvent de devenir illustrateur.trice.s ?
Liên : Notre principale source est des livres. Nous investissons tout l’argent qu’on gagne dans les livres. Des fois, les frais de livraisons internationales sont deux fois plus chers que le prix du livre.
À ce moment-là, Liên et Quang se lèvent de leur bureau et amènent leur smartphone jusqu’à leur bibliothèque pour me faire une visite virtuelle.
Kaa : Voici les livres que nous utilisions comme manuels d’étude :
- Figure Drawing for all it’s work de Andrew Loomis
- The Animator’s Survival Kit de Richard Williams
- The Silver Way : Techniques, Tips, and Tutorials for Effective Character Design de Stephen Silver
- Layout & Background de Walt Disney book
- The Costume History de Auguste Racinet
- Children’s Picturebooks : The Art of Visual Storytelling de Martin Salisbury
- Color and Light : A Guide for the Realist Painter de James Gurney (le nôtre est rempli de post-it et d’annotations avec le temps)
- Tranh dân gian Việt Nam (Peintures folkloriques vietnamiennes) de Maurice Durand
Kaa : Aussi, si vous aimez un auteur, n’hésitez pas à procurer ses livres pour analyser :
- Portugal de Cyril Pedrosa
- Volière dorée (La) de Carll Cneut
- La belle et la bête de David Sala
- Mattotti Works Pastels de Lorenzo Mattotti (Lorenzo Mattotti est un des quatre piliers de l’illustration italienne. Ce livre est rempli de couvertures intemporelles qu’il a fait pour Times.)
- Poèmes à la lune de Gianni De Conno
- Rules of Summer de Shaun Tan (notre plus grand idol)
- Rêves de Japon de l’Atelier sento
Quang : Au Vietnam, vous trouverez les mines d’or parmi les livres d’occasion. Nous avons acheté le livre Illustrated tales from Shakespeare avec seulement 50 000 VND (note: environ 2 euros).
Profitez de toutes les sources disponibles pour apprendre !
Kaa : Parlons de formations… La plupart des formations que nous avons suivies dans le passé ne sont plus disponibles.
Quang a suivi la masterclass sur l’écriture de livres et de scénarios par Neil Gaiman.
Nous avons des amis qui ont créé des centres de formations, comme Art Workout de Nguyễn Minh Đức, Art Soup de Phước Quản, ou les classes d’illustration de Lê Thư. Nous n’avons pas assisté à ces cours, mais comme ce sont nos amis, nous savons qu’ils sont qualifiés, et que leurs formations sont fiables.
Quang : Quant au devis, au début, nous consultons nos confrères et consoeurs, pour les jobs au Vietnam.
Concernant les contrats à l’étranger, notamment pour les livres, c’est l’éditeur qui propose une offre, nous pouvons négocier avant de décider d’accepter ou non. Habituellement, l’écart entre le prix négocié et le prix proposé est d’environ 500 à 600 USD (note: 470 à 570€ à l’heure de la rédaction de cette interview).
Liên : Si vous avez des doutes, ou si vous êtes confus, faites un tour sur la page Facebook d’Yuko Shimizu. Elle est enseignante, elle donne des conseils pertinents aux illustrateur.trice.s.
Mais, si vous voulez vous lancer, lancez-vous, tout simplement.
Je ne suis pas du genre à planifier méticuleusement, et à contrôler l’avancement à chaque étape. Dès que je vois une opportunité, une activité qui pourrait me plaire, je teste. Dès que je vois un concours qui a l’air amusant, je participe. Je teste constamment, tant pis si j’échoue. D’ailleurs, j’ai beaucoup, beaucoup échoué.
N’essaie pas d’être complètement préparée, car cela ne suffira jamais. Peu importe à quel point tu es préparée, tu ne pourras pas être aussi avancée que ceux qui ont commencé avant toi. Mais tu dois tester pour savoir si ça te convient ou pas. Si c’est le cas, continue ! Sinon, essaie autre chose !
Hier, nous étions “les jeunes illustrateurs qui suivent leur rêve », aujourd’hui, nous sommes « les proches d’une future illustratrice »
Le conseil pour les illustrateur.trice.s
An : Depuis tout à l’heure, vous avez déjà partagé beaucoup d’expériences et de conseils. Mais si maintenant, vous deviez donner un conseil unique à celles et ceux qui veulent devenir illustrateur.trice.s, quel serait-il ?
Quang : Une seule chose ? Faites attention à votre santé. Prenez soin de vous !
Liên : Faites du sport, faites du yoga, faites de la prévention contre le mal de dos ! C’est super important !
Quang : De toute façon, nous comptons faire ce métier à long terme, nous aurons toute la vie pour dessiner, du coup, il suffit juste d’être meilleur que notre soi d’hier, pas besoin d’avancer plus vite que les autres.
Liên : Nous apprenons tout au long de notre carrière. C’est un métier comme les autres, ce n’est pas si compliqué.
Dans le rôle des « proches »
An : Si vous aviez un mot pour la famille des jeunes illustrateur.trice.s, dans le cas où leurs proches sont contre leur choix de vie, que diriez-vous ?
Kaa : Nous n’avons pas le super pouvoir de changer l’opinionde leur famille. D’ailleurs, si nous parvenions à convaincre leur famille, et que leur enfant échouait, leurs familles nous le reprocheraient à mort ! *rire*
Ça fait un moment que nos familles se sentent normales vis-à-vis notre métier. Et toi, ta famille est enfin moins réticente ?
An : Je me suis rendu compte d’une chose marrante : quand j’exprimais mon envie de devenir illustratrice, mais que je ne m’étais pas encore lancée, ma famille était radicalement contre. Alors qu’une fois que j’entame le point de non-retour, personne ne continue à s’opposer, comme s’il n’y avait aucun problème.
Quang : Je pense que la plupart des familles sont comme ça.
Liên : Aujourd’hui, c’est moi qui suis dans le rôle de « la famille », avec ma nièce. Elle a 16 ans, elle souhaite devenir dessinatrice de manga et animé.
Aujourd’hui, je me demande si c’est une bonne idée de la laisser suivre ce chemin… Sera-t-elle capable d’endurer tout ce que nous avons dû traverser dans ce métier ? Et juste comme ça, j’ai tout de suite envie de la calmer. J’ai envie de lui conseiller de suivre les études sur un autre métier plus stable, au cas où, et d’attendre avant de se lancer…
Je m’en soucie trop. Mais si elle teste pendant 2 à 3 ans, et qu’elle se sent bien, elle voit des opportunités, elle arrive à gérer la charge de travail, alors je serai peut-être plus soulagée.
En fait, ce n’est pas nécessaire de lutter contre les opinions de notre famille, pour que nos proches acceptent notre choix. Petit à petit, si tu arrives à prouver que tu pourras en vivre, tout ira bien. C’est juste un métier, ce n’est pas une activité illégale !
Notre seul rêve est de continuer le chemin du présent
An : Avez-vous des rêves pour le futur ? Ou un projet que vous avez absolument envie de faire depuis longtemps ?
Kaa : Nous en avons plein ! Nous voudrions finir d’illustrer ce livre en cours. Puis, nous voudrions dessiner un autre livre… Puis un autre…
Après The first journey, nous avons reçu la commande de deux autres livres, dont nous serons auteurs complets. Nous avons terminé deux tiers du premier livre de ce diptyque.
Ensuite, nous voudrions dessiner plus d’illustrations individuelles, raconter plus d’histoires, créer une grande collection.
Nous aimerions aussi essayer de faire des minis BD, d’avoir plus d’expérience. Récemment, nous avons convaincu notre client de nous laisser créer un livre illustré à la main avec les techniques traditionnelles, et le client a accepté partiellement.
Ce sera chouette si nous avons une exposition avec l’intégralité de nos illustrations venant des livres…
Quang : Bref, tous nos rêves tournent autour des dessins.
Liên : En vrai, pas besoin de rêver. C’est juste un travail, si vous avez envie de le faire, faites-le. Ce n’est pas comme si vous deviez étudier pendant quatre à cinq ans pour avoir le droit d’exercer, comme pour ton ancien travail dans le ferroviaire, ou dix ans d’affilée pour devenir médecin. Devenir mère, devenir astronaute, ou devenir médecin, là, ça vaut le coup de rêver.
An : Alors, je vous souhaite de combattre avec succès toutes vos deadlines !
Vous pouvez suivre Liên et Quang sur la page Facebook Kaa, sur Instagram kaaillustration, ou sur le site kaaillustration.com
Giveaway
Pour cette première série spéciale sur le blog, je voudrais offrir un colis avec 5 œuvres, venant des chaque invité de cette série spéciale, à une chanceuse ou un chanceux parmi vous.
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Je prévois aussi 1 cadeau surprise pour chaque participant au giveaway !
Prenez soin de votre santé & Keep creating!
Tu Ha An
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