Cet article a été rédigé conjointement avec mon éditrice en cheffe, Jo, et mon amie de longue date, KL.
« Les histoires de créations » est un rendez-vous, où à chaque saison de l’année, je vais à la rencontre d’une créatrice ou d’un créateur pour écouter son histoire. La création peut être le métier principal de nos invités, ou un parmi leurs métiers exercés, ou juste un pur hobby.
Avec les histoires de créations, j’espère casser les clichés qui creusent l’écart entre la vision du grand public sur les métiers créatifs et la réalité.
Personnage d’automne : Chi Nguyen, The Present Writer
Si vous comprenez le vietnamien et que vous êtes intéressés par les contenus en lien avec l’éducation, le développement personnel et le minimalisme, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu parler de The Present Writer, le nom d’auteur de Chi Nguyen.
Et si nous regardons la liste des missions que Chi mène chaque jour, il y a de fortes chances d’être intimidés.
Chi est docteure en éducation. Elle est professeure et chercheuse à l’Université d’Arizona aux Etats-Unis. Elle est également autrice du premier livre sur le minimalisme en vietnamien. Elle est bloggeuse (avec environ 80 000 lecteurs par mois, en septembre 2023) ; YouTubeuse (600 000 abonnés, en octobre 2023) ; podcasteuse (plus de 200 000 écoutes par mois en 2022).
Cette année, Chi vient de lancer son premier produit papeterie The Present Day planner.
Et en plus, elle est maman d’un enfant en bas âge.
Avec les informations ci-dessus, on pourrait se persuader qu’elle est surhumaine, ou qu’elle devait avoir beaucoup de chance ; ou encore, qu’elle devrait avoir une très bonne situation financière pour booster ses activités.
Mais, n’est-ce pas souvent ce qu’on pense à chaque fois qu’on voit un individu « surhumain » dans le même genre ?
Et si aujourd’hui, nous découvrons les étapes concrètes (cinq étapes de polissage avant d’obtenir le diamant), qui ont emmené Chi d’une étudiante lambda en autrice, chercheuse et créatrice à forte influence ?
Cet été, j’ai eu la chance de faire un « girl trip » avec Chi au Canada. Nous avons profité de ce moment entre collègues, amies, sœurs pour … filmer cette interview.
Cette interview elle-même est un diamant, qui a nécessité plusieurs mois de polissage, et un changement de saison.
Je pense que l’automne, la saison la plus cosy de l’année, le symbole de la maturité, et également la saison préférée de notre invitée, est le moment idéal pour vous dévoiler ce diamant.
Cet article est accompagné d’une vidéo (en vietnamien sous-titrée français) :
Table de matières
Voici la table des matières, pour faciliter votre lecture, votre relecture, et vos futures recherches :
Construire une marque personnelle – Construire son diamant
Tu Ha An (An) : Bienvenue Chi Nguyen, veux-tu te présenter à nos internautes ?
Chi Nguyễn (Chi) : Je m’appelle Nguyễn Phương Chi, mais le public me connaît plutôt sous le nom de Chi Nguyễn (Chi Nguyen).
J’ai deux emplois. Mon travail principal est professeure adjointe dans une université aux États-Unis. Je fais de la recherche et j’enseigne dans les domaines du leadership éducatif, de l’éducation internationale, et de l’éducation comparative.
Au-delà de ça, j’ai aussi ma propre marque, The Present Writer, où je fais du contenu créatif, des articles de blog, des vidéos YouTube et des podcasts.
Avec cette marque, j’ai aussi eu l’occasion de collaborer avec toi, An. An est membre de notre équipe en tant qu’illustratrice et directrice artistique depuis plus d’un an.
An : J’ai remarqué que dans les interviews ou les documentaires sur des personnes qui ont réussi dans de nombreux domaines, ces personnes abordent très brièvement les difficultés qu’elles ont rencontrées au début.
Elles nous encouragent à commencer, à passer de zéro à un. Mais en général, elles n’expliquent pas comment passer du niveau un au niveau deux, du niveau deux au niveau trois, du niveau trois au niveau quatre, etc.
Aujourd’hui, j’aimerais me baser sur le concept des cinq niveaux de « diamant » dans un livre que Chi et moi aimons beaucoup, Je choisis d’être un diamant (Diamond You) de La Khuê, pour discuter du parcours de création et de construction de la marque de Chi.
Chi, est-tu prête pour les questions sur les cinq niveaux de diamant ?
Chi : Je suis prête.
D’ailleurs, La Khuê est aussi ma business coach. Elle a écrit ce livre très intéressant, Diamond You, sur le thème de la marque personnelle (en vietnamien : nhân hiệu). Merci à La Khuê d’avoir fourni le cadre que nous utilisons aujourd’hui.
Niveau 1 : Diamant caché dans la roche – Héros silencieux
Les pas invisibles avant le succès
An : Comme le livre Diamond You n’est plus disponible en vente et n’a pas été réédité, je me permets de lire la définition de ces niveaux de diamant, avant de te poser une question.
Le premier niveau du diamant, c’est le « Diamant dans la roche », aussi appelé « Héros silencieux ».
Bien que ces personnes soient reconnues comme des expertes par leurs clients, leurs collègues et leurs employés, celles qui sont au premier niveau de diamant ne sont pas célèbres en dehors de l’entreprise ou de l’organisation à laquelle elles appartiennent.
Quand nous parlons de Chi, nous faisons directement le lien avec la marque The Present Writer, qui est un blog très renommé auprès de nombreux lecteurs.
De ce que j’ai appris, tu as parfois mentionné que tu tenais aussi d’autres blogs par le passé, certains étaient même écrits en anglais.
Je suis curieuse de savoir de quoi parlaient ces anciens blogs ? Et qu’est-ce qui leur manquait pour être aussi reconnu que The Present Writer aujourd’hui ?
Chi : Je pense qu’il existe beaucoup de « Héros silencieux » dans nos vies. Ça peut être des personnes douées à l’école, ou des modèles dans leur environnement de travail. Ce sont des gens qui ont une grande réputation dans leur domaine ou qui contribuent grandement à leurs propres projets ou à ceux des autres.
Pour ma part, je sens que j’ai aussi commencé mon voyage en tant que « Zero to Hero ».
J’ai fait des études spécialisées en Littérature et j’aimais beaucoup les sujets qui y sont liés. A l’époque, j’ai écrit de nombreux articles de blog, sur des plateformes comme (Yahoo) 360°, Blogspot, WordPress… Je pense que j’ai tenu au moins 4 ou 5 blogs.
J’écrivais des articles de blog parce que je voulais partager. A l’école, j’apprenais des choses intéressantes. Lorsque je faisais des stages, j’acquérais des expériences enrichissantes. J’avais vraiment envie de partager ces découvertes avec les autres. Je me suis rendue compte que si quelqu’un m’avait parlé de tout cela plus tôt, je n’aurais pas eu à traverser autant d’obstacles.
Néanmoins, lorsque j’ai commencé à écrire des blogs, il y avait très peu de lecteurs. J’ai principalement partagé avec mes amis, qui ont trouvé mes articles utiles. Mais c’était plutôt discret.
The Present Writer était mon premier blog à connaître du succès dans le temps.
La cause des « échecs »
Chi : Pour revenir à la question sur ce qui a fait que mes anciens blogs ont échoué ou n’ont pas connu la popularité de The Present Writer, c’était principalement à cause de ma mentalité à l’époque.
Au début, avec mes anciens blogs (Yahoo) 360°, Blogspot, ou WordPress, j’utilisais des plateformes gratuites et je ne m’y investissais pas vraiment. Je n’avais pas de nom de domaine, je me contentais d’utiliser les options gratuites.
Je n’avais pas l’intention de créer quelque chose de durable, de contribuer au-delà de mon cercle d’amis, de ma classe à l’université, ou de mon lieu de stage. Je n’avais pas de vision à long terme pour ces blogs.
Par conséquent, si je pouvais les créer rapidement, je pouvais aussi les abandonner facilement.
Cependant, lorsque j’ai créé The Present Writer, j’ai ressenti le désir de construire quelque chose de durable et de sérieux.
C’est ainsi que j’ai créé un site internet complet, puis j’ai acheté mon propre host et j’ai choisi le nom de domaine ThePresentWriter.com, plutôt que d’utiliser « .wordpress.com » ou « .blogspot.com ». Cela m’a permis de construire le site de manière à avoir un contrôle total, à construire ma première véritable maison en ligne.
Avant, même si je voulais toujours partager, ma vision était limitée. C’est pourquoi mes blogs précédents, en tant que « Héros silencieux », n’ont jamais atteint le niveau de diamant suivant, comme ce que The Present Writer a pu faire.
Niveau 2 : Diamant brut – Artiste local
L’article qui a créé le point de bascule
An : Le deuxième niveau du diamant, c’est le « Diamant Brut », aussi appelé « Artiste local ».
Leur notoriété commence à s’étendre au-delà des frontières de l’entreprise ou d’une organisation. Ces personnes peuvent provenir également de startups. Elles commencent à s’impliquer dans des activités externes, telles que les discours en public ou l’écriture de blogs. Elles sont comme des artistes locaux connus dans une petite et moyenne communauté.
Selon ce que j’ai appris, tu as écrit sur The Present Writer pendant 6 ans du moment où tu as établi un nom de domaine pour le blog.
Combien de temps a-t-il fallu pour passer du niveau un au niveau deux ?
Chi : C’est une question très intéressante, parce que le temps est relatif.
En fait, lorsque j’ai lancé le blog The Present Writer, les premiers articles que j’ai rédigés étaient des révisions des meilleurs articles de mes anciens blogs (ceux que j’ai fermés entre-temps). Ce sont les meilleurs fruits issus de nombreuses années de travail, à l’époque où j’écrivais sans vraiment m’investir sérieusement.
De cette manière, les premiers articles de The Present Writer ont commencé à amener de l’intérêt car j’avais choisi les meilleurs articles qui avaient déjà suscité de l’engouement lorsque je n’étais pas encore connue.
J’ai remarqué que quelques personnes ont commencé à me suivre, mais bien sûr, c’était encore très modeste. Au début, ma mère était la lectrice la plus fidèle du blog.
Lors de mon troisième mois d’écriture sur The Present Writer, j’ai publié mon premier article viral, intitulé « Pourquoi je suis le minimalisme ? »
L’histoire derrière cet article est que j’adorais lire sur le minimalisme, et à ce moment-là, je vivais déjà de manière minimaliste depuis plus d’un an. Pourtant, quand je cherchais des articles ou des informations en vietnamien sur le minimalisme, il n’y avait pratiquement aucune ressource complète sur le sujet. Il y avait des traductions de l’anglais, des interviews ou des articles similaires, mais il n’y avait aucune personne assez connue pour avoir réellement vécu en tant que minimaliste au Vietnam.
Cela m’a beaucoup surprise. Je me suis demandé : « Pourquoi personne n’a écrit à ce sujet ? » ou « Pourquoi je n’ai pas pu trouver ce que je cherchais ? ». À l’époque, j’étais doctorante. La recherche était mon point fort, donc j’étais convaincue d’être suffisamment compétente pour trouver les informations correctes.
Puis, une autre question m’a traversé l’esprit : « Peut-être que les Vietnamiens ne s’intéressent pas du tout à ce sujet ? ». Dans ce cas-là, que se passe-t-il si j’écris sur ce sujet et que personne ne réagit ? Pourquoi suis-je la seule à m’intéresser à ce sujet ? Toutefois, j’ai quand même décidé d’écrire. L’orientation de l’article était plutôt : « Pourquoi je vis selon les principes du minimalisme ? ». J’insistais sur le « moi », pas une communauté, et pas la définition générale du mode de vie minimaliste.
C’était le premier article à avoir suscité une grande réaction. Les gens ont commencé à le partager massivement. Après une seule nuit, je me suis réveillée en étant submergée par le nombre de partages. Et le jour suivant, de nombreux autres médias ont republié cet article ou l’ont copié.
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je devais ajouter une clause de droits d’auteur et de propriété intellectuelle sur mon blog. J’avais rarement vu quelqu’un copier mes récits à ce point. C’est à ce moment que j’ai compris ce qu’était l’effet de propagation, ce qu’était la viralité. Et c’est à ce moment-là également que les gens ont commencé à me connaître davantage en-dehors de l’université (où j’étais encore étudiante en doctorat), ou en-dehors du groupe qui savait déjà que je tenais un blog concernant l’éducation et le lifestyle.
Le moment où la passion devient l’outil pour polir le diamant
An : Tu disais que tu étais confiante sur le fait d’être capable de trouver les bonnes informations en tant que doctorante. Mais la construction de ton blog repose principalement sur tes compétences en rédaction.
Quand as-tu su que ta capacité à rédiger était suffisante pour te transformer en diamant ?
Chi : En réalité, la rédaction a toujours été dans mes veines.
J’ai grandi au sein d’une famille avec une tradition littéraire. Trois générations de ma famille sont des journalistes et des écrivains. Mes grands-parents étaient journalistes, ma mère était journaliste, et mon père travaillait également dans ce domaine.
Quant à moi, j’ai effectué mes 12 ans de scolarité avec une spécialité en Littérature. A l’époque, je pensais simplement que j’étais douée dans cette matière. J’aimais beaucoup étudier, analyser, et faire de la recherche sur la Littérature. J’ai aussi dû rédiger de manière plutôt décente pour être acceptée dans la classe littéraire et faire partie de l’équipe nationale des meilleurs élèves en Littérature.
Cependant, mon style à cette époque était très différent. C’était de la rédaction basée sur des émotions tirées d’un texte existant d’un autre auteur, ce n’était pas vraiment de la créativité.
C’était toujours de la rédaction, mais cela ne venait pas vraiment de mes propres expériences, et je ne créais pas à partir de rien.
Plus tard, lorsque je suis devenue doctorante, j’ai rédigé des articles de recherche. C’était aussi une forme de rédaction, mais c’était une synthèse d’autres recherches que j’intégrais dans mes propres réflexions. C’était encore un autre type de rédaction.
Pourtant, quand j’ai commencé à écrire sur le blog, c’était différent. Écrire un article de blog signifiait écrire davantage sur mes expériences personnelles, avec mes propres émotions. Cela signifiait que le matériel n’était pas celui des autres, mais ma propre vie.
J’ai toujours su que le fait de pouvoir rédiger était quelque chose qui m’était très spécial. C’était mon don. C’est pour cette raison que j’ai nommé mon blog The Present Writer. Le mot « present » a de nombreuses significations, dont « cadeau ». Je pense que c’est le cadeau que le destin a donné à ma famille, et j’ai eu la chance d’en hériter.
Pourtant, pendant toute la période où j’étudiais la Littérature, et même plus tard, la Littérature me tournait souvent le dos.
Dans ma famille, les gens disaient toujours que devenir écrivain ne rapportait pas beaucoup d’argent. En réalité, bien que mes parents travaillaient très dur, nous avions du mal à joindre les deux bouts. Ce n’était pas une carrière lucrative. Choisir la Littérature signifie souvent vivre avec la difficulté de grandir dans une famille qui aime profondément l’écriture, mais qui ne connaît pas la prospérité.
Plus tard, lorsque j’ai rejoint l’équipe de Littérature au lycée pour les concours nationaux, le système d’examen pour entrer à l’université changeait de manière que la participation aux concours nationaux perdait tous ses privilèges.
Chaque fois que je réussissais en Littérature, cela me coûtait un prix.
En participant aux concours nationaux en Littérature, ça me coûtait du temps pour étudier les mathématiques, l’anglais, les autres matières pour les examens d’entrée à l’université.
La Littérature prenait toujours quelque chose d’autre de ma vie en échange de l’amour que j’avais pour elle. Elle me faisait ressentir de la douleur et de l’angoisse, car je poursuivais une carrière qui pourrait ne pas avoir de futur stable.
Mais, plus tard, surtout lorsque j’ai étudié à l’étranger, j’ai réalisé que chaque fois que je rencontrais des difficultés, j’avais toujours recours à l’écriture.
Par exemple, quand je rencontrais un professeur et que je lui parlais de l’idée d’une collaboration pour la recherche, il se pouvait que ce professeur ne vît qu’une Asiatique qui parlait un anglais avec un fort accent, et il pouvait refuser l’idée ou m’ignorer sur le coup. Ou il pouvait me parler avec condescendance ou faire des commentaires qui montraient qu’il ne me respectait pas vraiment. Dans ma tête, je pensais : « D’accord, j’ai compris. Je vais rentrer chez moi et écrire une lettre ».
Chaque fois, c’était une lettre, parce que je savais que je pouvais ne pas être douée pour m’exprimer en face des autres, mais que j’étais douée à l’expression écrite. « Je vais rentrer et écrire une lettre pour que le professeur sache qui je suis. »
Je trouvais toujours la solution dans la rédaction d’une lettre de motivation ou d’un article de recherche que je joignais à ma lettre. Et l’attitude des gens changeait complètement. Ils passaient de l’ignorance à la connaissance, du mépris au respect, de la discrimination à l’équité.
J’ai continué à écrire des lettres, beaucoup de lettres : pour demander des bourses, pour acheter une maison, pour introduire mes étudiants, pour soutenir ou aider d’autres personnes.
J’ai réalisé que chaque fois que je m’asseyais pour écrire, quelque chose de bien se produisait, pour moi ou pour les autres.
Je sais que l’écriture est mon diamant. C’est mon don. Même lorsque je tombe, il reste solide. Et même si tout l’univers s’abat sur ce don, il ne se brisera pas. C’est ma lumière, et je peux toujours la tenir, la toucher et l’utiliser.
C’est pourquoi je pense ceci : « D’accord, je n’ai aucune idée de comment sera l’avenir en tant qu’écrivaine, mais je sais que c’est quelque chose de spécial en moi, et je peux l’utiliser pour apporter quelque chose d’utile à moi-même et à la société. »
Niveau 3 : Diamant taillé – Étoile montante
Ajouter…
An : Tu as parlé de ta façon de découvrir que l’écriture était ton diamant, ton cadeau, de penser qu’à chaque fois que tu écris, de bonnes choses se produisent. La rédaction est le pivot de ta vie.
Cependant, j’ai l’impression que lorsque nous atteignons le niveau suivant, le niveau trois du diamant, cette pureté doit changer.
Le niveau trois, « Diamant taillé », ou encore « Étoile montante » :
La réputation de ces personnes commence à s’étendre, parfois même au niveau national. Elles aident leur entreprise à devenir célèbre et à obtenir des honoraires plus élevés.
Une chose intéressante, c’est que j’ai entendu parler du livre de La Khuê, Diamond You, en regardant une story Instagram de Chi.
Dans cette story en 2020, tu disais : « En ce moment, je suis au niveau deux. J’essaierai d’atteindre le niveau trois dans les 5 à 10 prochaines années ».
Or, nous sommes maintenant en 2023, et tu as déjà atteint le niveau trois !
Une fois, tu as dit dans ton podcast : « Ce qui nous a amenés ici ne nous mènera pas plus loin ». Alors, pour passer du diamant brut de niveau deux, rempli de passion et de pureté, au niveau trois, qu’est-ce que tu as dû laisser derrière toi ?
Chi : Avant de parler de ce que j’ai abandonné, je souhaite parler de ce que j’ai ajouté pour passer du niveau deux au niveau trois.
Après avoir bloggué pendant un certain temps, j’ai reçu des invitations pour publier un livre. La chose intéressante à savoir, c’est que, comme je bloggue régulièrement, cela incite les gens à se rendre compte que je suis capable d’écrire un livre, car même en écrivant gratuitement, je respecte les délais. J’ai donc suffisamment de matériel et de discipline pour écrire un livre.
À partir de là, j’ai reçu une invitation pour écrire mon premier livre : Un livre sur le minimalisme (lien Shopee).
Après sa publication, de plus en plus de personnes ont commencé à me connaître, car le livre était largement distribué au Vietnam. Auparavant, lorsque je blogguais, seuls les jeunes me connaissaient. Mais une fois le livre publié, même les personnes plus âgées pouvaient me découvrir. Elles ont lu mon livre et l’ont recommandé à leurs amis et à leur famille.
J’ai eu le sentiment que passer par la publication d’un livre a rendu ma marque plus officielle. Je suis devenue connue en tant qu’autrice en plus de mon statut de bloggueuse. C’était la première étape.
Ensuite, dans ma vie, il y a eu des événements majeurs. Ma santé physique et mentale s’est détériorée. Dans ma carrière, j’ai consacré de plus en plus de temps à la recherche. J’ai également eu un enfant entre-temps.
Il y a eu une période où j’ai arrêté d’écrire, avant de reprendre. Le moment où j’ai recommencé à écrire était similaire au moment où j’ai abandonné mon ancien blog pour revenir avec un blog plus sérieux. À la même période, j’ai décidé de relancer The Present Writer en y ajoutant quelques éléments pour passer à la vitesse supérieure.
Je n’ai pas repris mon blog que pour revenir à la version précédente, sinon cela signifierait que je n’avais rien appris au cours du processus. Pendant ma pause, j’ai beaucoup mûri et la rédaction me manquait.
Avant, le blog était juste pour le plaisir. Mais là, j’ai réalisé que je devais donner plus de sens à ma vie. Une fois revenue, j’ai décidé de lancer une chaîne YouTube et un podcast.
J’ai alors découvert que non seulement les gens lisaient mon blog, mais qu’aussi beaucoup de gens préféraient les vidéos et le podcast. Parce que regarder une vidéo leur permettait de se sentir plus proches de moi et de mieux comprendre ce que je partage.
À l’époque, j’écrivais depuis environ 5 ans, mais personne n’avait jamais entendu ma voix ni vu mon apparence physique. Ils ne connaissaient que mes articles. Quand j’ai publié ma première vidéo, les spectateurs commentaient : « Oh, c’est elle, Chi ? ». Les gens trouvaient que mon style d’écriture était très sérieux et que je devais être une personne plutôt mature et sévère. Mais en réalité je ne suis pas du tout comme ça, les internautes étaient donc assez surpris.
Cela m’a fait réaliser que l’utilisation d’autres plateformes me permettait de me rapprocher des autres. L’élément le plus important n’est pas ce que j’écris, mais le message que je transmets. Je sentais que les vidéos et les podcasts permettaient à mes messages de toucher un public plus large.
Par exemple, dans une vidéo, je pouvais parler de la productivité, et je pouvais aussi montrer comment j’appliquais cela dans ma propre vie, de manière concrète. Dans un podcast, je partageais des histoires très personnelles, tout comme dans mes blogs, mais je le faisais avec ma voix, et cela permettait au message de rester plus facilement en tête, d’atteindre plus de personnes et de toucher davantage d’esprits.
Certaines personnes ont même dit qu’elles avaient déjà lu mon blog, mais qu’elles n’avaient vraiment compris le message que lorsqu’elles avaient regardé la vidéo ou écouté le podcast où je racontais la même histoire. Ces canaux audio-visuels sont ce que j’ai ajouté pour passer à l’étape suivante.
Je repensais à la story sur Instagram où je disais que je pensais qu’il me faudrait 5 à 10 ans pour atteindre le prochain niveau de diamant parce que, à ce moment-là je n’avais qu’un blog et que je n’ajoutais pas encore d’autres contenus.
… et abandonner
Chi : Lorsque j’ai commencé à ajouter de nouvelles choses, j’avais plusieurs craintes : « Je ne parle pas bien devant la caméra », « Je ne suis pas belle », « Ma voix n’est pas agréable », « Je bafouille », « Je n’ai pas d’argent pour investir dans du matériel » ou encore « Je n’ai pas le temps ».
Quand la taille de The Present Writer était petite, je pouvais répondre à chaque commentaire. J’aime beaucoup interagir avec mes lecteurs de cette manière.
Notre première interaction entre toi, An, et moi, était également un échange dans les commentaires, sur un planner. Et quelques années plus tard, nous avons finalement créé notre propre planner.
Cependant, lorsque ma marque est devenue plus grande, il m’était impossible de répondre à chaque commentaire ou à chaque e-mail. Il y a eu une période où j’étais vraiment épuisée parce que je voulais toujours prendre soin de chaque internaute comme je le faisais lorsque j’étais une petite marque. Cela rognait sur mon temps pour créer de nouvelles choses.
Par conséquent, j’ai dû changer ma façon de penser et trouver d’autres personnes pour m’aider, des personnes qui pouvaient répondre à des questions ou des commentaires récurrents. J’ai également commencé à développer un système pour répondre à des questions spécifiques.
Petit à petit, j’ai eu des partenariats rémunérés. Au début, j’avais très peu de partenaires, que j’appréciais beaucoup, et j’acceptais même de travailler gratuitement avec beaucoup de gens.
Cependant, lorsque ma marque est devenue plus grande, j’ai dû être plus sélective et refuser de nombreuses opportunités, même si elles semblaient très bien, car je n’avais pas les moyens de les gérer ou qu’elles ne correspondaient pas à ma vision.
J’ai dû dire « non » à des choses que je trouvais autrefois simples, comme prendre une belle photo d’une tasse de thé et la publier sur les réseaux sociaux. Ou encore, quand j’ai pris un selfie avec toi, An, j’ai dû réfléchir davantage avant de le partager. Maintenant, si je publie une photo d’une tasse de thé, les gens me demanderont où je l’ai achetée et si c’est un article sponsorisé. Je dois donc savoir si cela correspond vraiment à ma marque actuelle, parce que de nombreuses personnes peuvent utiliser mes images et mes contenus pour leur propre bénéfice, et il y a des personnes avec qui je ne suis pas sûre de vouloir collaborer ou de leur permettre d’utiliser mes images de cette manière. Mais aussi, un selfie avec toi, An, pourrait perturber ta vie privée. Je dois te demander si tu es d’accord pour que je publie cette photo sur un canal avec des milliers d’abonnés.
Je pense que le processus qui m’a amenée à devenir un diamant plus grand m’a obligé à être plus prudente, à faire des choix plus réfléchis, à ajouter des éléments pour briller davantage, mais aussi à tailler certains aspects pour les affiner.
Quand « l’assistante d’une influenceuse » répond à notre email
An : Merci à toi d’avoir évoqué de nombreux défis auxquels les créateurs de contenu sont confrontés. Ce sont des choses que nous ne pourrions jamais comprendre si nous suivons seulement la chaîne YouTube ou le blog d’un.e créateur.trice.
Je me souviens d’un podcast auquel tu as participé. L’interviewer a raconté une anecdote qui l’a profondément marqué. C’était quand cette personne t’a envoyé un e-mail et que tu lui as répondu en personne, sans passer par ton assistante.
Ce jour-là, tu as expliqué que les créateurs de contenus laissaient leur assistant répondre non pas parce qu’ils ne se souciaient pas de leur public, mais parce que leur temps et leurs efforts devaient être concentré ailleurs, pour des tâches créatives et productives qui ajoutaient encore plus de valeur.
Donc, il ne faut pas penser que lorsqu’on reçoit une réponse de l’assistant, cela signifie que le créateur de contenus ne s’intéresse pas à nous.
Chi : Je ne me souviens pas de cette réponse en particulier, mais je pense c’est une idée à laquelle je crois vraiment.
C’est un malentendu populaire que les gens ont à propos des créateurs de contenus, à savoir qu’ils doivent toujours répondre personnellement à chaque message, qu’ils doivent tout faire eux-mêmes pour montrer qu’ils se soucient vraiment de leur public.
La valeur peut prendre de nombreuses formes différentes. Je parle en privé avec certaines personnes, ce qui est une forme d’attention personnelle. Mais quand les problèmes auxquels ces personnes sont confrontées sont partagés avec de nombreuses autres personnes, je parle à tout le monde pour que tout le monde puisse en bénéficier.
Il y a des moments où je réponds personnellement aux e-mails parce que je sais que je suis la seule personne qui puisse aider.
Mais je crois toujours que si tu reçois une réponse de l’assistant ou de quelqu’un d’autre, ce n’est pas parce que les créateurs ne se soucient pas de toi, mais parce qu’ils consacrent leur temps et leurs efforts à des activités qui apportent une valeur équivalente, voire supérieure, à d’autres personnes.
An : Je voulais ajouter que, en tant que membre de l’équipe de Chi, je connais également Hạnh, l’assistante de Chi. Je trouve que Hạnh est extrêmement dévouée, attentive, et qu’elle comprend parfaitement la marque The Present Writer.
Je pense que Chi, ainsi que de nombreux autres créateurs de contenu, sélectionnent des membres d’équipe qui partagent la même passion, comprennent la valeur de la marque et s’engagent dans la même vision.
Donc, lorsque vous obtenez une réponse de l’assistant, vous recevez également une réponse d’une personne très attentionnée qui comprend la direction du créateur de contenus. Je pense que cela revient au même que si Chi répondait directement.
L’important, c’est de savoir quelle valeur cette réponse apporte à votre situation.
Chi : En parlant d’Hạnh, je me souviens d’une histoire.
Quand Hạnh a commencé à répondre aux e-mails en tant qu’assistante, elle recevait souvent des questions récurrentes comme : « Comment puis-je apprendre l’anglais ? » ou « Comment puis-je acheter le livre Un livre sur le minimalisme ? ». Dans ces cas-là, j’avais déjà créé une playlist de vidéos pour apprendre l’anglais ou un guide pour acheter le livre. Cependant, si quelqu’un ne pouvait pas trouver ces ressources ou ne les voyait pas, Hạnh était là pour les aider.
Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, Hạnh et moi avons créé des modèles de réponse. Par exemple, « Bonjour, je suis Hạnh, l’assistante de The Present Writer », suivi par la réponse standard que nous avions rédigée ensemble. Donc, si vous recevez une réponse type, c’est tout de même une réponse que nous avons mis du temps à rédiger, et pas la réponse d’un robot.
Il y a eu un cas où une personne a reçu la réponse une fois, puis a posé la question à nouveau, et Hạnh a répondu à nouveau. Quand cette personne a reçu la réponse une deuxième fois, Gmail a changé la couleur du texte, indiquant qu’il s’agissait d’une réponse copiée-collée. Cette personne a ensuite dit que la réponse lui semblait non-professionnelle.
Mais je ne pense pas que ce soit un commentaire constructif. Personnellement, je pense que les modèles de réponse sont très professionnels car ils fournissent une réponse standard. Ils montrent un intérêt égal pour chaque personne, une égalité de traitement de notre part, que nous pouvons ensuite personnaliser au besoin.
Je pense que c’est une question de perspective. Certaines personnes pensent que vous devez répondre sans salutations ni formules pour montrer que vous êtes proches de la communauté. Même si je ne suis pas à leur place et que je n’ai pas la même perspective, je les respecte et je prends des décisions en fonction de ce qui convient le mieux à mon équipe et à ma marque à ce moment-là.
Niveau 4 : Diamant Exquis – Star de Classe A
Quelle définition pour « Star de Classe A » ?
An : Sur la story Instagram, après avoir écrit : « Je vais essayer d’atteindre le troisième niveau dans les 5 à 10 prochaines années », tu avais écrit : « Et si je réussis ce troisième niveau, je continuerai jusqu’à la fin de ma vie pour atteindre le quatrième niveau ».
Le quatrième niveau est appelé « Diamant Exquis » ou « Star de Classe A » :
Ces experts sont reconnus et connus dans un pays, ils saisissent de grandes opportunités commerciales et ils demandent des frais considérables pour eux-mêmes et leur entreprise ou organisation.
Te considères-tu actuellement déjà au quatrième niveau ou pas ?
Chi : En écrivant cette story, j’étais persuadée qu’il me faudrait beaucoup de temps avant d’atteindre le niveau quatre.
Mais c’est vraiment intéressant, car j’ai l’impression qu’en ce moment même, je suis en train de me rapprocher du niveau quatre.
Je ne pense pas que je suis une « Star de classe A ». Mais je pense que, dans mes domaines, en particulier dans mes niches, j’ai l’impression de m’être déjà ajouté moi-même, ainsi que la marque The Present Writer sur la carte, dans le top 5 ou le top 10.
Mon travail principal est l’enseignement et la recherche. Je n’en parle pas souvent, car ce n’est pas quelque chose que tout le monde connaît, surtout parce que je travaille dans deux pays différents. Aux États-Unis, je travaille dans le domaine de leadership éducatif, en éducation internationale et comparée. Avant, je travaillais dans l’ombre sur ma propre carrière de chercheuse.
Mais depuis deux ans, depuis que j’ai commencé à travailler en tant que professeure adjointe, j’ai assisté à des conférences où certains me reconnaissaient, et où d’autres ont commencé à mentionner mes travaux de recherche publiés il y a quelques années. Dans le monde académique, il faut parfois beaucoup de temps pour que les gens découvrent tes travaux, faits auparavant.
Donc, en ce qui concerne la recherche, j’ai aussi l’impression de passer du niveau trois au niveau quatre. Je suis peut-être plus au niveau trois qu’au niveau quatre, car je n’ai pas vraiment d’espace public, c’est-à-dire une grande visibilité comme The Present Writer.
Cependant, pour The Present Writer, je sens que je suis beaucoup plus proche du niveau quatre. Lorsque je regarde les classements des podcasts en vietnamien, The Present Writer est toujours dans le top 5 ou le top 10. Dans les classements des blogs les plus recommandés, The Present Writer est souvent mentionné, ainsi que dans les vidéos liées à l’apprentissage. Ce sont des domaines très spécialisés, très nichés, et c’est ce que je veux.
Je pense que si je veux atteindre le niveau quatre à l’avenir, je veux être une « Star de classe A » dans mon domaine d’expertise, dans le domaine de la recherche, dans la communauté The Present Writer où qu’elle soit dans le monde. Je pense que je suis en train de me diriger dans cette direction, non seulement vers le haut mais aussi en profondeur.
Un équilibre défini grâce à la pâtisserie
An : Quand tu parlais du deuxième niveau, tout tournait autour de l’écriture.
Au troisième niveau, tu as mentionné qu’il fallait commencer à construire des systèmes.
Et au quatrième niveau, tu ne pourras plus te concentrer que sur une seule chose, une seule passion, une seule compétence que tu maîtrises le mieux. Tu devras porter une nouvelle casquette, celle de leader, celle de gestionnaire, d’entrepreneure. Comment vas-tu équilibrer ce que tu fais le mieux, ta passion pour l’écriture, avec toutes ces autres responsabilités lorsque tu atteindras le quatrième niveau ?
Chi : Je me pose souvent cette question.
J’ai récemment pensé à cette question en faisant des gâteaux. Et je pense que cela ne peut pas être parfaitement équilibré lorsque tu passes d’un niveau à l’autre. Parce que rien dans la vie n’est tout à fait équilibré.
Ce jour-là, je pesais de la farine. Je pesais la quantité de farine par rapport aux œufs et au lait. Pendant longtemps, je croyais que l’équilibre était que ces deux éléments devaient être égaux et séparés. Mais en réalité, ce n’est pas possible.
Dans la vie, je suis experte, mais je suis aussi une personne influente. En tant qu’experte, je peux faire des recherches et écrire des articles scientifiques, mais peut-être que personne ne lira le résultat de mes recherches. En tant que personne influente, je veux que mes messages atteignent la société, donc je dois faire des vidéos, enregistrer des podcasts, prendre la parole dans différentes émissions, ce qui est de plus en plus courant maintenant. Ces deux aspects ne sont pas séparés, ils se complètent mutuellement.
Si je suis seulement une experte, une sorte de tas de farine, alors peut-être que seules les personnes qui aiment les chiffres m’apprécieront. Mais certaines personnes ont besoin de choses plus douces, comme du sucre et du lait, des messages plus faciles à comprendre, et je ne peux pas leur fournir cela si je reste un tas de farine brute et consistante.
De même, si je suis trop sucrée, comme une sorte de tas de sucre, et que je n’ai pas la base de recherches, pas de chiffres, pas de preuves pour les personnes qui aiment du contenu substantiel, je ne peux pas leur fournir de bon contenu.
Je me suis rendue compte que tous les ingrédients devaient être mélangés progressivement dans ma vie, comme la technique fold dans la pâtisserie.
Par exemple : je ne peux pas répondre à tous les e-mails, donc je prends Hanh comme assistante, je fold Hạnh dans ma marque. Ainsi, dans un premier temps, je vais me concentrer sur cette collaboratrice et la mentorer individuellement.
Ensuite, je continue à fold des nouveaux membres compétents progressivement. Maintenant que j’ai plus de deux personnes dans mon équipe, je peux développer mes compétences en leadership pour les manager.
Ensuite, je vais fold d’autres compétences dans ma vie. Maintenant, quand je dois parler publiquement, je fold de la farine, des œufs, du lait, pour que le gâteau puisse être formé et cuit. Je pense que rien ne peut être parfaitement 50-50. Donc, lorsque tu fold progressivement, tu obtiendras correctement ce qu’il faut pour un gâteau.
Sinon, le gâteau pourrait sembler joli à l’extérieur, mais il pourrait ne pas être cuit correctement à l’intérieur. C’est quelque chose qui, je pense, n’est pas durable ni authentique. Toute chose dans la vie n’est jamais complètement séparée.
Plus je monte des échelons, plus je deviens mature, plus je fais vivre cette maturité à travers mes contenus, c’est ce que je devrais faire, ce que je devrais continuer à faire.
An : J’adore ta façon d’aborder l’équilibre. Cela me rappelle un concept qu’une célèbre podcasteuse française en affaires, Aline Bartoli, a évoqué dans son podcast J’peux pas j’ai business. Elle compare l’équilibre à la conduite d’un vélo.
Ce n’est pas un état statique, ça bouge toujours. Il y a des moments où il faut pencher un peu d’un côté, puis de l’autre. Parfois il faut pédaler plus vite, parfois il faut ralentir. Mais tout cela contribue à maintenir l’équilibre. L’équilibre ne signifie pas rester immobile sur son vélo.
Chi : Si tu restes immobile sur ton vélo, tu n’avanceras pas.
An : Ou tu tomberas.
Chi : Ou tu devras marcher à pied en trainant ton vélo. *Rires*
A qui Chi s’adresse quand elle écrit ?
An : J’ai entendu dire que l’auteur Stephen King, célèbre pour ses romans d’horreur, ne rédigeait ses livres que pour une seule personne, sa femme. Année après année, il n’écrivait qu’en pensant à cette seule personne.
Je ne sais pas si, lorsque tu écris, tu as aussi une personne en tête, et si cette personne reste la même à chaque niveau de diamant, du premier au quatrième ?
Chi : Quand j’ai commencé à écrire, mon style consistait à raconter mon expérience personnelle. Depuis le premier jour, jusqu’à aujourd’hui, la personne à qui j’écris est une version plus jeune de moi-même.
Je me souviens toujours que quand j’avais cet âge, je voulais entendre des conseils parfois difficiles à entendre et que peu de gens disaient. Si quelqu’un avait osé me les dire doucement, intelligemment, de manière compréhensible, cela m’aurait aidé.
Récemment, j’ai fait deux vidéos, Conseils pour les adolescents et Conseils pour les personnes dans la vingtaine. Je repense toujours à ces moments de ma vie, et je me demande de quelle manière je réagissais durant ces périodes.
Mais à mesure que je grandis, je réalise que chaque personne a sa situation, et les conseils que je donne à ma version plus jeune ne s’appliquent pas nécessairement à quelqu’un d’autre.
Parfois, je pense refuser de répondre à certaines questions parce que je n’ai pas d’expérience dans ce qui est demandé. Mais en tant qu’éducatrice, chercheuse et professeure, je ne peux pas refuser de répondre aux questions liées à mon domaine d’expertise. Je peux dire que je n’ai pas vécu cela personnellement, mais je peux offrir des conseils basés sur des cas que j’ai étudiés dans mes recherches ou que j’ai vécus en enseignant.
Je pense à ma version plus jeune quand j’écris, mais je prends également en compte les différentes situations des autres personnes et j’essaie de fournir une valeur ajoutée en écrivant. C’est ainsi que je crée.
« L’influenceur » spécial
An : Avant de passer au cinquième niveau, j’ai une question un peu spéciale.
Si vous avez lu le livre de Chi ou que vous suivez son blog, vous savez qu’une personne a eu une grande influence sur son parcours. C’est son grand-père, le journaliste Nguyen Hai.
Je me souviens que tu as raconté qu’une fois, t’étais allée récupérer sa paie avec lui et que tu avais décidé de ne jamais suivre la carrière d’écrivain parce que c’était trop cruel.
Je suis curieuse de savoir si nous pouvons imaginer un instant que ton grand-père est ici, en ce moment, à ce stade de ta carrière, au quatrième niveau de diamant. Que penses-tu qu’il te dirait ?
Chi : Il dirait : « C’est pas mal. »
Ensuite, il sortirait un stylo et me dirait : « Imprimes ces articles pour que je puisse les lire et voir s’il y a des erreurs. »
Mon grand-père était très doué. Autrefois, il était éditeur du journal Nouveau Hanoï (en vietnamien : Hà Nội Mới), l’un des plus grands journaux au Vietnam. C’était un travail d’édition affiné, et il avait l’habitude de tout lire avec un stylo à la main pour faire des corrections et ajouter des commentaires dans les marges. Ce n’était pas parce qu’il était payé pour cela, c’était une habitude de lecture active et engagée qu’il avait développée au fil du temps et qu’il m’a transmise, et cela m’a beaucoup aidé dans mes travaux de recherche.
Et il serait très surpris de voir que nous avons des médias comme YouTube, podcasts, TikTok… Il serait ravi de voir ces plateformes, car il était très créatif et appréciait les choses modernes.
Mon grand-père a grandi durant la colonisation française au Vietnam et a eu l’occasion de voyager à l’étranger à une époque où tout était encore très restrictif dans notre pays.
Voici une anecdote : Ma mère aimait porter des pantalons évasés, mais à l’époque, les gens n’étaient autorisés à porter que des pantalons droits, du moins à Hanoi. Ma mère m’a souvent raconté des souvenirs où des brigades de patrouille de quartier couraient derrière les habitants pour couper leurs pantalons évasés et les transformer en pantalons droits. Mon grand-père était journaliste à l’époque, il était éditeur d’un journal du parti communiste, et pourtant, il a dit : « Je pense que ma fille porte ces pantalons évasés de manière très élégante. »
Alors, je pense qu’il apprécierait les choses modernes que je suis en train de faire. Dans mon livre Un livre sur le minimalisme, j’ai dit : « Ce livre est dédié à mon grand-père, le journaliste Nguyen Hai, car il m’a appris ma première leçon sur la vie dans le présent ». Si vous avez lu le livre, vous savez que mon grand-père m’a appris cette leçon en me prévenant de sa propre mort, et j’ai passé la dernière année de sa vie à vivre dans le présent. Je pense qu’il serait très fier et qu’il penserait que son départ prématuré n’était pas une perte totale, mais a apporté beaucoup de sens à ma vie et à celle d’autres lecteurs.
Niveau 5 : Diamant parfait sans défaut – Superstar mondiale
An : Le cinquième niveau du diamant, « Diamant parfait sans défaut », ou ce que l’on pourrait appeler une « Superstar mondiale ».
Ce sont des personnes comme Bill Gates ou le deuxième ou troisième Steve Jobs. Dans certains cas, leur nom est étroitement lié à leur domaine d’expertise, et de grandes entreprises aspirent à collaborer avec eux.
Chi, veux-tu devenir un diamant de cinquième niveau ?
Chi : Si tu avais posé cette question deux ans auparavant, j’aurais certainement dit non. C’est pourquoi dans une de mes stories Instagram, j’avais dit que je voulais que ma vie se limite au quatrième niveau.
Mais peut-être que ces deux dernières années, en grandissant et en rencontrant plus de gens, j’ai réalisé que les exemples donnés dans le livre, Bill Gates et Steve Jobs, tout le monde les connaît, mais qu’il y a aussi des experts de cinquième niveau que je connais et que des millions d’autres connaissent, qui ne sont pas aussi célèbres mondialement.
Par exemple, l’autrice Elizabeth Gilbert de Comme par magie et Mange, Prie, Aime, ou l’auteur du livre Effortless, Greg McKeown, que moi et An, nous sommes en train de lire actuellement ; ce sont des livres lus par des millions de personnes, des best-sellers nommés par le New York Times, mais leurs auteurs ne sont pas aussi célèbres que Bill Gates ou Steve Jobs.
Je pense que si je veux atteindre le niveau cinq, je voudrais être reconnue à l’échelle internationale.
La raison pour laquelle j’utilise principalement le vietnamien, c’est parce que lorsque j’étais en train de faire mon doctorat aux États-Unis, je me suis rendue compte que certaines des connaissances que j’avais n’étaient pas encore disponibles au Vietnam. J’ai aussi passé beaucoup de temps à enseigner en anglais, mais en tant que chercheuse en éducation, je voulais aussi avoir la possibilité d’enseigner gratuitement aux étudiants vietnamiens.
A l’avenir, si mes recherches sont plus largement diffusées et publiées dans des revues internationales, j’espère pouvoir toucher la communauté internationale de la recherche. Elle sera relativement petite, mais j’espère que ceux qui s’intéressent à ce domaine me connaîtront, et pas seulement au Vietnam.
Actuellement, il est difficile pour ceux qui s’intéressent à ce domaine de trouver les ressources en vietnamien, mais de nombreux étudiants à l’université, des étudiants en doctorat aux États-Unis, disent qu’ils ont découvert par hasard mes vidéos sur The Present Writer et les trouvent très utiles. De fait, je suis en train de considérer comment traduire toutes mes vidéos ou de créer une chaîne YouTube avec des sous-titres en anglais pour rendre The Present Writer plus accessible à la communauté internationale.
Ou encore, toi et moi, nous venons de lancer le planner de productivité The Present Day planner (lien Shopee). Actuellement, il est en vente au Vietnam, mais mon souhait est de le vendre à l’international, car il est en anglais.
Globalement, je pense que j’en suis capable et que j’ai le désir de faire connaître The Present Writer à l’échelle internationale.
Mon sentiment est que lorsque j’ai lu le livre Diamond You il y a deux ans, avec les cinq niveaux de diamants, je pensais que je devais devenir Steve Jobs ou Bill Gates pour atteindre le niveau cinq. Mais maintenant, je pense que peut-être personne ne me connaîtra, mais qu’ils connaîtront The Present Writer, ou les produits de The Present Writer comme le The Present Day Planner. Ou encore, le public sera sensible au contenu utile de mes vidéos explicatives, applicable aux Etats-Unis, en France, au Royaume-Uni … Sans savoir que je suis professeure.
C’est mon objectif, et peut-être que ma mission de faire connaître The Present Writer à l’échelle internationale est ce qui me permettra d’atteindre le diamant de niveau cinq.
D’ailleurs, ce soir, j’aurai une session de coaching avec La Khuê, l’autrice de Diamond You. Je lui poserai peut-être cette question pour savoir si je suis adaptée pour monter jusqu’au niveau cinq, et si j’obtiens une réponse, je la partagerai lors d’une autre occasion.
An : Nous avons parcouru les cinq niveaux de diamant. Et à la fin de ce voyage, avec une conclusion encore en suspens, j’ai une question bonus.
En regardant l’ensemble du processus, pour toi, dans ce voyage de polissage de diamant, en tant qu’individu, pas en tant que fondatrice de The Present Writer, as-tu réussi à retrouver, à ramasser ou à former un diamant pour ton âme créative ?
Chi : C’est une question adorable.
En fait, jusqu’à présent, je n’ai jamais pensé être une personne créative ou une artiste.
En repensant à tout cela, je pense que j’étais une enfant très créative parce que j’écrivais, je faisais de la poésie, je dessinais. Même si mes récits n’étaient pas jolis, que ma poésie n’était pas géniale et ma toile n’était pas excellente, j’aimais m’exprimer.
Cependant, je n’ai jamais pensé être créative, mais plutôt que j’étais une personne qui étudiait bien, qui avait des connaissances et qui exprimait ses connaissances d’une manière unique ; par exemple, en exprimant mes connaissances par l’écriture, en créant des graphiques ou des illustrations pour rendre mes idées plus vivantes, ou en utilisant des exemples concrets pour les rendre plus vivants.
Je n’ai jamais osé penser que j’étais une personne créative.
Mais en réalité, j’ai toujours été créative. Parce que la créativité ne signifie pas nécessairement créer des œuvres d’art grandioses, de faire des expositions d’art ou de devenir une artiste comme toi, An. Même si je ne dessine peut-être pas aussi bien que toi, je veux être créative, m’exprimer et capturer la beauté de la vie à ma manière, que ce soit par des photos, des esquisses ou des illustrations. Je ne ressens aucune honte à le faire, je ne pense pas que je le fais pour me montrer, je le fais parce que je suis une personne créative.
Je pense qu’après ce voyage au Canada, je serai prête à dire aux gens que je suis une personne créative. Et cela ne signifie pas que je ne serai pas une chercheuse de premier plan. La recherche et la créativité ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives.
An : C’est une conclusion très belle pour notre conversation d’aujourd’hui. J’espère que vous avez pu lire cet article jusqu’à la fin pour découvrir une définition ouverte de la créativité, et y réfléchir en rapport avec vous-même et avec votre propre âme créative.
Quant à Chi et moi, après cette vidéo, nous allons visiter un musée d’art, nous allons ouvrir nos carnets de croquis, nous allons prendre des photos, faire des esquisses, et noter nos pensées.
Vous pouvez retrouver Chi sur son blog The Present Writer ainsi que sur sa chaîne YouTube The Present Writer et sur The Present Writer Podcast.
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