Cet article est la suite de l’article « Pour que votre résolution créative ne tombe plus à l’eau cette année ! (1/2) : La réalité derrière la résolution créative et comment la définir de façon intelligente » publié le 5 janvier 2022.
Deuxième partie :
Le grand piège et l’obstacle ultime qui nous empêchent de changer de vie avec notre résolution créative
3ème problème : Choisir les mauvaises données
A cette ère du numérique, nous sommes exposées à de multiples données chiffrées qui rèlètent immédiatement le niveau de succès d’un créateur ou d’une créatrice : le classement du TOP tendance, le nombre de followers, le nombre de vues, le nombre de likes, le nombre de ventes…
Ces résultats font rêver tous les créateurs, surtout ceux qui aimeraient sauter le pas et se lancer dans la création.
Sauf que l’appréciation d’une création est subjective. Même si vous avez soigné votre œuvre avec tout votre cœur, ce sont finalement les consommateurs (spectateurs, auditeurs, lecteurs, etc.) qui ont leur mot à dire. Par ailleurs, ces données dépendent aussi des algorithmes, de l’efficacité des stratégies de communication, de l’état du marché… Dans la plupart des cas, quand on débute, on n’a ni l’expérience ni l’historique nécessaire pour fixer un objectif avec ces chiffres.
Si votre résolution est d’ouvrir une chaîne YouTube avec 100.000 abonnés après un an, savez-vous par quel moyen trouver ces 100.000 personnes ?
Si vous avez déjà une communauté sur les autres plateformes (blog, podcast, réseaux sociaux…) avez-vous le moyen d’estimer le taux de conversion ? Si vous n’avez pas de communauté déjà établie, par quel canal pouvez-vous toucher une audience ?
Pouvez-vous maîtriser tout ça ?
Et si nous nous tournons vers ce que nous pouvons maîtriser ?
Au lieu de nous stresser à essayer d’obtenir ce que nous ne pouvons pas contrôler, nous pouvons nous concentrer sur un autre type de données objectives, chiffrées, visible par tout le monde, mais complètement maîtrisable.
Reprenons l’exemple du lancement de la chaîne YouTube, il existe plein de types de résultats qui ne dépendent que de nous : le nombre de vidéo postée, la durée de chaque vidéo, la fréquence, la qualité…
Des fois, nous avons tendance à penser que ce genre d’objectif est moins spectaculaire. Pourtant, c’est une fois commencé que nous découvrons que le niveau de challenge est tout aussi élevé.
Encore une fois, un an parait long, mais pour sortir 30 vidéos YouTube par an, vous devez produire de 2 à 3 vidéos par mois. Toutes les deux semaines environ, faut qu’une vidéo soit prête. C’est-à-dire en deux semaines, il faut que vous arriviez à écrire le script, à tourner, à monter, à faire la miniature, à écrire les descriptions, à mettre en ligne, à partager sur les réseaux ou les forums,… et ce durant une année entière.
Cependant, il existe un facteur que nous ne maîtrisons pas, mais nous attendons tous : l’opportunité.
La résolution est une excellente boussole qui aide à prendre la décision s’il faut accepter une opportunité ou pas.
En 2015, l’année où je fixais la résolution ambitieuse mais toute floue de « quitter l’école d’ingénieur et devenir artiste », j’ai été repérée par un organisme pour travailler sur les supports visuels de leurs projets, bénévolement, avec la promesse que bientôt, ils auraient des entrées d’argent et que j’aurais une rémunération dès qu’ils auraient obtenu des bénéfices.
N’ayant aucune connaissance sur le marché de travail en France, et ayant été rabaissée durant mon adolescence, tout ce que je retenais, c’était : une vraie société m’a repéré ! J’acceptais tout de suite en pensant qu’enfin, ma résolution commençait à se réaliser.
Malheureusement, c’était une très mauvaise décision.
Ce travail me demandait une seule compétence technique que je maîtrisais déjà. Les tâches ne me laissaient pas du tout de liberté pour découvrir ou développer d’autres compétences.
Les missions avaient un délai très court qui chevauchait sur mes heures de cours et sur mon job alimentaire que je ne pouvais pas quitter, car ces missions ne m’apportaient pas de revenus.
L’engagement avec l’organisme me fermait aussi la porte vers les autres petits projets plus créatifs.
Plusieurs mois passaient, je n’étais toujours pas devenue artiste professionnel, j’étais toujours bloquée avec les études, et en plus, coincée dans un boulot sans possibilité d’évolution et sans salaire.
Le poste en soi n’était pas mauvais, l’équipe était plutôt sérieuse et motivée, mais si j’avais fixé ma résolution de façon concrète, j’aurais su tout de suite que ce travail m’éloignait de ma résolution.
Mais même après avoir fixé une résolution qui vous correspond à la perfection, il reste encore le plus grand obstacle :
Le problème ultime : La motivation sur le long terme
Dans la plupart des cas, une résolution créative ne se réalise pas avec une seule action en one-shot. C’est plutôt un long chemin épineux.
Avec plein de volonté, nous sommes tous à l’attaque en janvier jusqu’à notre premier coup de mou en mars, s’en suit la remise en question en avril. Avant de comprendre d’où viennent tous nos doutes, mai arrive avec les imprévus de la vie qui toquent à la porte et poussent notre grande résolution sur le côté. En août, avec les vacances, nous arrivons à libérer un peu plus de temps et nous essayons de nous remettre sur les rails avant de perdre de rythme à la suite de la rentrée en septembre. Novembre s’approche et nous commençons à paniquer en regardant la couche de poussière formée sur notre résolution. Décembre se termine avec nos efforts de ramasser les miettes d’une confiance brisée.
Est-ce que ce scénario vous semble familier ?
Le changement durable que la résolution créative apporte se base sur des actions de tous les jours comme la pratique, la construction, la production… exercées de façon studieuse, patiente, fréquente.
Comment pouvons-nous garder une endurance constante et une motivation permanente ?
Et si nous plaçons notre résolution en haut d’un escalier et nous l’approchons en montant des marches ?
Ceci est tout à fait possible si vous divisez votre résolution en sous-objectifs. Ces sous-objectifs sont comme des marches d’escaliers qui vous permettent d’avancer petit pas par petit pas.
Chaque marche atteinte est une petite victoire qui génère de la dopamine, « la molécule du plaisir », qui est au cœur du système de récompense de notre esprit. Ce système est celui qui nous procure un sentiment de satisfaction après avoir exécuté une tâche. Une fois le système de récompense/renforcement activé, vous aurez envie de reproduire cette sensation, cette envie vous poussera à atteindre les sous-objectifs suivants.
Par ailleurs, chaque sous-objectif atteint vous aidera à visualiser votre avancement.
L’idéal est de fixer vos sous-objectifs en suivant les critères S.M.A.R.T. (présentés dans la première partie)
Voici 5 parmi les sous-objectifs qui m’ont mené jusqu’au lancement dans l’illustration :
- Suivre la formation « Illustration, l’Atelier » enseignée par une illustratrice expérimentée pour apprendre le fonctionnement concret du métier en 3 mois ;
- Faire l’étude de marché en 1 mois ;
- Définir un style de dessin unique, reconnaissable et correspond à mon client cible avant avril 2021 ;
- Trouver le statut qui me permet d’exercer le métier d’illustrateur en France et les démarches à suivre avant juin 2021 ;
- Construire un site web et le lancer en décembre 2021.
Avant de définir chaque sous-objectif, il est important de le couper en plusieurs étapes, voire en mini-étapes.
Prenons le sous-objectif « Construire un site web ». Avez-vous déjà essayé avant ? Que voulez-vous mettre sur le site ? Connaissez-vous les étapes de construction ? Où pouvez-vous vous renseigner pour déterminer les étapes ? Pouvez-vous estimer le temps d’exécution pour chaque étape ? Toutes ces questions permettent de rendre chaque sous-objectif réalisable et la grande résolution viable.
Un autre point à ne pas négliger : même si nous avons une résolution S.M.A.R.T avec un plan d’action solide, en tant qu’humain, nous continuons à changer tous les jours, notre environnement de vie n’est pas figé et notre situation est susceptible d’évoluer. Notre résolution ne peut pas être rigide et inchangeable.
Il est essentiel de réévaluer sa résolution.
La direction, la motivation, le réalisme et le délai de la résolution doivent être réévalués régulièrement afin d’apporter les ajustements nécessaires.
Cette révision ne doit pas arriver trop tôt pour éviter la sur-analyse et la remise en question à chaque coup de mou ou le changement d’avis à chaque fois que vous entendez parler d’une nouvelle idée à tester. Elle ne doit pas non plus arriver après que vous avez tout investi en prenant des engagements non-retour.
La fréquence idéale dépend de la façon dont chacun réagit lors du déroulement d’un projet. Savez-vous quand arrive vos premiers découragements ? Quels sont les signaux alertes quand vous prenez un mauvais chemin ?
Personnellement, faire un bilan une fois tous les trois mois est un rythme qui me convient. Le délai de trois mois est assez long pour percevoir les progrès et assez court pour changer de direction si besoin.
Une fois tous les trois mois, je me repose la question : Pourquoi CETTE résolution à CE moment précis ? La réponse que j’ai fournie au début d’année est-elle toujours d’actualité ?
Entamer un changement de vie avec une résolution créative est une démarche individuelle. Même avec un plan d’actions bien rodé, nous ne pouvons pas éviter les moments de lassitude. Le temps passe vite, un an file à la vitesse de la lumière, quand nous réalisons à quel point la résolution est encore loin, d’un coup, nous nous sentons seuls au monde. Sans compter les jours où nous avons l’impression que tout l’univers se ligue contre nous. C’est le moment idéal pour que l’ennemi caché de la motivation pointe son nez : la solitude.
Lutter contre la solitude sur le long chemin
La solution paraît évidente : partager la résolution créative avec d’autres personnes.
Dans le livre Votre temps est infini, Fabien Olicard affirme que parler de ses objectifs aux autres joue un rôle dans la réussite car nous intégrons notre ego dans les enjeux.
Partager votre résolution avec la personne que vous admirez est souvent un bon moyen pour vous pousser à vous avancer. Comme vous souhaitez faire bonne impression à cette personne, vous aurez une raison en plus pour accomplir votre résolution.
Dans mon cas, je choisis de partager uniquement avec les personnes les plus proches avec qui je partage déjà toutes mes idées créatives. Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais annoncé mes résolutions de façon publique car je ne voulais pas gérer les remarques, les questions curieuses, les jugements et les doutes autour de mes choix.
Suivre la résolution à plusieurs peut aider à garder le rythme.
Comme pour les résolutions du type « faire du sport régulièrement » ou « arrêter de fumer », le partage et la communication avec une personne qui est dans la même situation favorise l’entraide pour vous re-booster à chaque coup de cafard.
Mais le choix de l’accompagnateur doit être fait avec rigueur. Avoir la même sorte de résolution n’est pas un critère suffisant
Une année, mon pote et moi, deux personnes avec deux grands rêves, après avoir fixé chacun sa grande résolution, nous avons décidé de réserver un créneau chaque semaine pour bosser côte à côte, comme un rendez-vous hebdomadaire obligatoire.
A chaque fois qu’on se voit, après avoir pris une demi-heure à se saluer, à faire un thé, à se raconter notre semaine, mon pote se mettait à parler de sa résolution. Il se lançait sur des questions philosophiques autour de son projet, sur l’existence, sur l’impact personnel et universel du projet… Et je commençais à faire pareil ! C’était tellement agréable de rêver, de parler de sa passion, de visualiser le futur de façon positive… Je me sentais toute légère et pleine d’espoir après chaque rendez-vous.
Trois mois plus tard, aucun de nous deux avons avancé sur sa résolution ! Evidemment, parler sans cesse de sa vision ne fait pas avancer !
Ma résolution créative de 2022
En 2021, j’ai réalisé le rêve de ma vie : me lancer dans l’illustration, donc, devenir artiste.
J’ai décidé d’écrire cet article au moment où je me suis rendue compte que le grand saut que j’ai fait en 2021 est clairement la réussite d’une résolution créative pour changer de vie ! C’est une résolution qui n’a pas été fixée en janvier 2021, mais en octobre 2020, pile un an avant sa réalisation.
Ce type de résolution est tellement précieux que nous ne pouvons clairement pas en fixer un par an ! D’ailleurs avec tout le bien que cette réussite m’a offerte, je ne suis pas pressée à refaire un changement de vie si tôt !
La réussite d’une grande résolution créative n’est pas forcément une fin en soi. Dans mon cas, c’est le début d’un long voyage.
Cette année, pour la toute première fois, je vais partager ma résolution créative de façon publique.
En 2022, je voudrais construire un blog bimensuel qui répond aux critères Q.V.C.A.* sur le sujet de la créativité, avec un nouvel article en trois langues (français, vietnamien, anglais) tous les 5ème et le 15ème jour de chaque mois.
Je n’ai jamais été bloggeuse avant, car au moment où le blog était la grande tendance au Vietnam, j’étais privée d’ordinateur et de toute façon, ma famille n’avait pas les moyens pour se procurer de l’internet. Et puis, étant complexée par mon niveau de langue et par mes difficultés d’expression, je n’ai jamais osé franchir le pas jusqu’à récemment.
Vous pouvez suivre l’évolution de cette résolution en revenant sur mon blog tous les mois. J’espère recevoir vos retours constructifs et vos encouragements.
Si vous avez déjà fixé une résolution créative pour cette année ou pour les années précédentes, serez-vous d’accord de la partager avec moi ? Je serai ravie de lire votre retour d’expérience.
Bonne année à vous,
Keep creating!
Tu Ha An
*Q.V.C.A. signifie Quality (Qualité), Value (Valeur), Consistency (Cohérence), et Authenticity (Authenticité). C’est une formule créée par Alex Ikonn.
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