Edité par Jo, mon éditrice en cheffe
J’ai eu éclair de lucidité.
Il faut absolument que je partage avec vous une (ou plutôt 5) révélation(s) qui m’a traversé l’esprit récemment…
Remontons au début de l’année. Juste avant de quitter mon ancienne coopérative, CAE Bourgogne, ma chargée d’accompagnement m’a encouragé à animer un atelier sur YouTube pour les entrepreneurs de la coopérative. L’idée était de montrer comment YouTube peut être un outil formidable pour stimuler son activité d’entrepreneur.
La préparation de cet atelier m’a donné l’opportunité de replonger dans les débuts de mon aventure sur YouTube. C’était avec une bonne dose de nostalgie et d’amusement que j’ai redécouvert mes anciennes vidéos datant de 2017 – 2018. À l’époque, j’étais une jeune salariée écrivant mes scripts dans les arrêts de bus, tournant des vidéos la nuit, et faisant le montage dans le tram.
Ces vidéos m’ont rappelé à quel point mes créations semblaient insouciantes, alors que derrière chaque trait dessiné se cachaient des doutes, derrière chaque phrase prononcée se cachaient des peurs et surtout, derrière chaque vidéo publiée se cachaient des centaines d’heure de travail. Et c’est ce dernier point qui a été une révélation.
Chaque vidéo ne durait que de 3 à 5 minutes, mais il me fallait quand même trois mois pour en sortir une. Trois mois de désespoir, de frustration et de déception. Rien que l’écriture de chaque vidéo durait des semaines et des semaines.
Et si l’on avance jusqu’à aujourd’hui, je suis moi-même étonnée de constater que cette « YouTubeuse » frustrée d’autrefois gère désormais un blog trilingue bimensuel, en plus d’une newsletter mensuelle, tout en travaillant à plein temps en tant qu’illustratrice. Cerise sur le gâteau : sa chaîne YouTube existe toujours, et ses vidéos sont maintenant trois fois plus longues que celles de l’époque, en plus des shorts publiés toutes les deux semaines !
Non, je n’ai pas soudainement gagné plus de temps…
Je ne fais pas partie de cette catégorie d’entrepreneurs qui travaille seulement 4 heures par semaine pour un revenu passif, tout en sirotant un cocktail au bord d’une piscine sur une île paradisiaque. (Même si, j’avoue, cela ne serait pas pour me déplaire :D)
Ma vitesse d’écriture reste inchangée. Mes vidéos sont désormais bien plus élaborées, avec un montage plus sophistiqué que les speed drawing avec voix-off de l’époque. De plus, mes contenus sont désormais disponibles dans trois langues différentes, à la place de deux (français et vietnamien) comme à l’époque. Et pour couronner le tout, j’ai du mal à rédiger des articles de moins de 1500 mots…
Certes, si vous avez lu mon article Quand le projet le plus chaotique devient le plus extraordinaire, vous savez que depuis janvier 2023, je suis épaulée par une (excellente) éditrice en cheffe, et des collaborateur.trice.s (en or) pour des projets ponctuels.
Mais avant cette date, depuis le lancement de mon blog en décembre 2021, comment j’ai réussi à passer de 3 mois de travail pour produire une vidéo de 3 minutes, à la création de deux articles trilingues par mois en plus d’une vidéo de 15 minutes par mois ?
Voici mon analyse, qui sera certainement bénéfique pour vous si vous aussi, vous menez un (ou plusieurs) projet(s) créatif(s). Et surtout, pour éviter de faire les mêmes erreurs que moi pendant 5 longues années, de 2017 à 2021.
Raison no 1 : La force du POURQUOI
Le constat était le suivant :
A l’époque où je réalisais les vidéos de speed drawing que vous avez pu voir au début de cet article, ma mentalité se résumait à : « Je fais des choses parce que c’est (ou que ça a l’air) fun ».
Cela pouvait se traduire par une idée surgissant dans mon esprit, et je me mettais aussitôt à rédiger le script, sans effectuer de recherche préalable, sans me demander pourquoi j’avais envie de le faire, ou si c’était la bonne approche à adopter.
Parfois, cela pouvait aussi découler d’une pensée du genre : « Ah, c’est bientôt le nouvel an, il faut une vidéo sur ce sujet ! »
Un point à souligner : je suis une véritable « people pleaser« . Je confondais souvent suggestion et demande. Lorsqu’un ami ou un membre de ma famille me partageait une vidéo en disant : « Je viens de voir ça, toi aussi, tu pourrais faire une vidéo là-dessus, je suis sûr que ton point de vue serait apprécié ! », je me sentais obligée de créer une vidéo, que ce soit pour plaire à la personne ou pour la rendre fière.
Résultat :
Je n’avais aucun objectif, aucune direction.
Ma chaîne était était un fourre-tout de vidéos allant dans toutes les directions, abordant des sujets n’ayant pas forcément de lien entre eux, passant des anecdotes familiales à la différence culturelle, en passant par le DIY…
On trouvera rarement de la valeur dans mes vidéos de cette époque.
Mais surtout : sans une raison forte servant de guide comme un phare dans la nuit, je me laissais uniquement emporter par l’enthousiasme du moment.
Une fois l’enthousiasme dissipé, je me retrouvais sans direction, sans objectif, sans noble mission pour me garder motivée.
Chaque tâche banale semblait interminable et chaque obstacle, qu’il soit technique, organisationnel ou humain, paraissait insurmontable. C’était donc un terrain fertile pour… LA PROCRASTINATION, accompagnée de ses amis : la peur, le doute et la baisse d’estime de soi !
La solution :
Fixons-nous un « pourquoi » qui résonne avec nous-mêmes avant de nous lancer dans la création de contenus.
Un « pourquoi » clair et significatif peut servir de véritable source d’inspiration, aidant à maintenir la passion et l’enthousiasme tout au long du processus de création. Définir son « pourquoi » permet de garantir la cohérence dans le message et de s’assurer que chaque contenu contribue à atteindre un objectif plus large.
Si vous êtes curieux de découvrir mon « pourquoi », je vous invite à lire le tout premier article de ce blog.
Raison no 2 : J’ai moins de fatigue décisionnelle
Après avoir exploré la première raison, vous vous demandez peut-être : est-ce que définir un objectif, un thème, ou une ligne éditoriale pour mes créations ne va pas m’enfermer dans une certaine rigidité ?
Et c’est une question cruciale pour nous, les créatif.ve.s.
Vous savez quoi ?
À l’époque, je me suis donné carte blanche. Je croyais fermement en ma liberté de créer des vidéos sur n’importe quel sujet, dans n’importe quelle langue, et de les publier quand bon me semblait.
Mais vous connaissez le résultat !
Lorsque tout est possible, chaque décision devient un dilemme. Cela conduit à ce que l’on appelle la « paralysie décisionnelle » ou le « paradoxe du choix », comme expliqué brillamment dans le livre éponyme de l’auteur et psychologue Barry Schwartz.
Plus il y a de choix à considérer, plus il est difficile de les évaluer et de les comparer. Cette situation peut engendrer une peur de prendre la mauvaise décision, et nous sommes souvent moins satisfaits du choix final.
Lorsque vous êtes fatigué de prendre des décisions, votre capacité à penser de manière critique, à être créatif et à générer des idées originales peut être compromise.
Alors, aujourd’hui, dans mon cas :
- Avec la créativité comme thème central pour tous mes contenus, je suis dans mon élément. Ce thème est mon True North, avec lequel je me sens totalement légitime, à l’aise, tout en maintenant une curiosité constante pour en découvrir davantage.
- Finis les doutes sur ma crédibilité, finis les jours passés à rechercher un angle pour me démarquer des experts bien établis, finies les interrogations sur la réceptivité de mes abonnés actuels à un sujet totalement nouveau.
- En décidant de créer systématiquement en trois langues, je ne perds plus de temps à choisir quelle langue utiliser pour chaque nouvelle création, de peur de perdre les abonnés ne parlant pas la langue non choisie. Le processus est désormais simple et est devenu une habitude, un automatisme : je commence par le français, puis je traduis dans les deux autres langues.
J’ai même établi une fréquence de publication, avec des délais pour les articles de blog. Ce qui nous amène à la raison n°3.
Raison no 3 : La DEADLINE est notre alliée !
Ou plutôt, la loi de Parkinson est notre alliée.
La loi de Parkinson dit que le travail s’étend pour remplir le temps disponible. En d’autres termes, si vous disposez de plus de temps pour accomplir une tâche, elle prendra davantage de temps à être réalisée.
En nous fixant nos propres échéances pour la publication de contenu vidéo ou textuel, nous assumons le rôle de « décideur ». Bien entendu, il est essentiel que ces délais soient atteignables et réalistes, en les adaptant à notre situation personnelle !
Personnellement, j’ai choisi de rendre publics la plupart de mes délais :
- Les articles de blog sortiront le 5 et le 15 chaque mois ;
- La Creati’letter, ma newsletter créative, sera envoyée à la fin de chaque mois.
De cette manière, il y a une part de responsabilité engagée, comme si j’avais fait une promesse à mon public. Et une promesse est une promesse.
Raison no 4 : Une gestion améliorée du temps
Bien sûr, nous ne pouvons pas ignorer cette règle presque évidente : si nous n’avons pas plus de temps mais que nous voulons accomplir davantage, il est essentiel d’apprendre à mieux gérer notre temps.
Attention : cette raison revêt un aspect assez technique, qui n’est efficace que si les trois raisons précédentes ont été prises en compte.
Je vais vous orienter vers deux articles dans lesquels j’aborde spécifiquement ce sujet :
Comment avoir plus de temps pour créer ?
Dans cet article, je partagerai cinq astuces efficaces et non culpabilisantes pour libérer du temps afin de favoriser la créativité. Ces méthodes m’ont aidée à maintenir ma passion pour la création, à pratiquer de manière régulière, et m’ont finalement conduite à devenir illustratrice professionnelle aujourd’hui.
The Present Day planner – Mon « arme secrète » pour la productivité créative
Cet article révèle mes luttes constantes liées à la gestion du temps et présente l’outil qui m’a permis de devenir maître de mon emploi du temps tout en conservant un équilibre dans ma vie personnelle. (Cet article témoigne de l’évolution dans la qualité de mes contenus et dans ma gestion du temps. Il s’agit d’un des articles les plus longs, documentés et illustrés que j’ai jamais écrit, accompagné d’une version vidéo dont je suis particulièrement fière du montage réalisé !)
Raison no 5 : L’effet boule de neige
Déjà, si vous mettez en pratique les quatre raisons mentionnées ci-dessus, vous constaterez une amélioration remarquable.
Mais la surprise réside dans le fait que cette amélioration elle-même vous poussera à aller plus vite et plus loin.
Plus nous publions de contenus, plus nous avons de matières pour identifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. De même, plus nous créons, plus nous devenons rapides dans toutes les étapes, simplement par habitude.
Mais le plus magique, c’est que plus nous créons, plus nous attirons des ressources, des inspirations et des retours positifs qui nous motivent.
Par exemple, les partages d’expériences en messages privés par les spectateurs prouvent que nos contenus ont de la valeur et méritent d’exister.
Ou encore les conseils des professionnels. Souvent, ces créateurs expérimentés sont généreux de leurs conseils, mais ils les réservent à ceux qui font preuve de sérieux et de mérite.
Et puis, la persévérance nous apporte des opportunités de faire des choses nouvelles, sortant de notre quotidien (ce qui démontre que la raison n°2 n’est pas du tout limitative).
Comme le mois de mars cette année, où j’ai été intervenante dans un salon du livre, une première pour moi.
Ou cette fois en décembre 2022 où j’ai été invitée sur un plateau de télévision régionale.
Ou encore l’atelier YouTube que j’ai animé en début d’année avec mon ancienne coopérative.
Raison bonus : Notre NOUS du passé
Ce partage d’expérience pourrait bien vous être utile dans votre propre parcours de créateur.trice.s.
Cependant, j’aimerais réserver ces derniers mots, avant de finir l’article, pour vous remercier.
Merci d’avoir été présent, que vous tombiez sur ces lignes par hasard dix ans après leur publication, ou que vous soyez un spectateur ayant visionné mes vidéos de speed drawing mal éclairées lorsque je cherchais encore ma voie.
Pour être tout à fait transparente et honnête, aujourd’hui, mon « système » de création de contenus n’est pas encore parfaitement huilé. Même après avoir trouvé et appliqué les 5 raisons listées au-dessus, ça m’arrive encore de me retrouver à perdre désespérément trop de temps sur une création. Vous avez la preuve dans l’article 45 heures pour 2 articles de blog ou encore, Une pierre (qui ne fait pas encore) cinq coups.
Cependant, n’oublions pas que : c’est en nous comparant à notre nous du passé que nous prenons conscience du chemin parcouru.
Alors, soyez bienveillant envers votre ancien vous, et…
Keep creating!
Tu Ha An
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