Edité par Jo, mon éditrice en cheffe
La pression de choisir le bon hobby : le défi d’une illustratrice professionnelle
Toute l’année 2023, j’ai stressé à trouver un hobby.
Mon activité préférée du monde est : dessiner. Et c’est pour cette raison que je suis devenue illustratrice professionnelle.
Et depuis que j’ai lancé mon activité professionnelle, il y a un conseil qui me revient toutes les semaines, que ce soit de la part de mes amis, ou des entrepreneurs expérimentés, ou dans les médias que je suis : « Il faut que tu trouves un hobby autre que le dessin, maintenant que dessiner est devenu ton métier. »
En effet, cultiver un hobby en dehors du travail créatif promeut l’équilibre en rechargeant l’esprit et offre une échappatoire nécessaire.
Mais en réalité, même si j’ai conscience du bienfait d’un nouveau hobby et que je suis reconnaissante de la bienveillance de mes amis, ce conseil ne me donne qu’une pression monstrueuse. Dans ma tête, une alerte tournait en boucle : « Vite, il faut que je trouve un hobby pour éviter de tomber dans le burn-out ! »
J’ai donc testé plusieurs activités en espérant trouver un nouveau hobby qui me convient.
J’ai essayé les activités sportives. Cela parait être le choix idéal pour lutter contre la sédentarité en lien avec mon métier d’illustratrice. Mais je n’aime pas le sport à la base et chaque séance était pour moi une obligation à respecter avec discipline. C’est le contraire de la définition de « hobby » …
J’ai essayé les activités créatives comme la couture, la linogravure, la poterie… J’ai passé de bons moments à découvrir ces nouveaux domaines. J’avais bien envie de passer un après-midi à créer entre potes de temps en temps, mais je ne ressentais aucune envie de maintenir ces activités à long terme, toute seule, quand j’avais du temps libre.
J’ai essayé la pâtisserie et la cuisine. Mais je ne suis même pas gourmande !!! Alors, il est passé où le plaisir à la fin de l’activité ? Certainement pas chez moi !
L’important est que… à chaque fois que je me force à essayer une nouvelle activité, dans le but de trouver un nouveau hobby, je me pousse encore plus près du bord du burn-out. Parce que je m’obligeais à faire encore plus d’activité en-dehors de mon emploi du temps déjà plein à ras-bord.
Et après tout, tout ce qui restait en moi, c’était la culpabilité de ne pas trouver un hobby.
Le hobby inattendu : comment j’ai transformé la pression en passion ?
Mais étonnement, en terminant l’année 2023, je me suis rendu compte que ça faisait 1 an entier que j’ai maintenu un hobby !
Et ce hobby, qui est venu tout naturellement, c’est :
Tenir un beau carnet de croquis.
En écrivant ces lignes, j’entends déjà la voix de J. un ami proche, en train de me secouer en criant : « Mais !!! An, c’est encore du dessin, c’est trop proche de ton boulot ! Ce n’est pas un vrai hobby ! »
Pourtant, ce qui est drôle, c’est que c’est grâce à lui que j’ai trouvé ce hobby.
La naissance du « carnet vivant »
J’ai longtemps été crispée quand on m’offrait des jolis carnets de dessin.
J’avais peur de les commencer avec des images trop soignées puis de ne jamais les finir.
J’avais peur que les personnes qui ouvriraient ces carnets trouvent que mes dessins sont moches.
J’avais peur de gâcher un beau cadeau.
Jusqu’à ce que J. et sa compagne m’offrent un sublime Paperblank. Et comme je ne voulais pas que J. soit triste s’il apprend que son cadeau tombe dans l’oubliette sur une étagère, j’ai tout de suite gribouillé dedans. J’ai aussi demandé à J. et à sa compagne de faire un petit dessin à l’intérieur.
Ce beau carnet, depuis ce jour, a été rempli par des croquis, des traits d’autres personnes, de jolis dessins, d’autres dessins ratés, des dessins jamais finis, des autocollants, des fleurs, des tests de crayons…
Il n’est plus parfait comme le carnet-type-d’un-artiste, comme dans mon imagination ou sur les réseaux sociaux. Il n’est plus le sublime Paperblank parfait.
Puis, un jour, j’ai lu un passage dans le livre Effortless, où l’auteur Greg McKeown s’est retrouvé avec pleins d’objets de son papi décédé, sans pour autant pouvoir retracer sa vie. A titre d’exemple : le carnet d’adresses est rempli, mais il est impossible de savoir si telle personne a été importante dans la vie du défunt ou pas…
C’est à ce moment-là que j’ai compris que le jour où je disparaîtrai, ce carnet restera un témoin qui continuera à raconter mes moments de bonheur, mes moments banals, mes moments vivants.
Pourquoi tenir un beau carnet de croquis est un hobby génial pour un illustrateur ?
1. Pour la liberté
Il y a une différence entre mon style dans mes illustrations professionnelles et les styles présents dans mon « carnet vivant ».
En voyant cette page retraçant le souvenir du coucher de soleil que j’ai eu la chance de savourer avec 2 amis au Canada, au début, Jo, mon éditrice en cheffe a pensé que c’étaient 2 dessins de mes 2 amis canadiens, car le style est tellement éloigné du mien.
Mais c’est ça, la liberté qui manquait dans mon métier créatif. Quand on est un professionnel dans l’illustration, il faut montrer à nos clients qu’on est fiable et reconnaissable, et que son style soit constant et stable.
Donc avec un carnet totalement personnel, je suis libre de faire des tests, de faire des erreurs, et de profiter du dessin comme un enfant à nouveau.
2. Pour la diversité
Nous pouvons mettre tout ce que nous avons envie dans ce carnet, que ce soit des étiquettes, des tickets, des timbres… Nous n’avons même pas besoin de dessiner tout le temps pour remplir les pages.
3. Pour la flexibilité
Nous pouvons traîner le carnet n’importe quand, n’importe où.
Je ne suis pas obligée de fixer une date, de bloquer un créneau, ou de prendre rendez-vous pour ce hobby.
Je peux passer tout un après-midi juste pour remplir les pages de mon carnet, je peux faire les croquis en direct lors d’un événement, ou je peux même faire 2 minutes de croquis entre deux verres durant une soirée, si j’ai envie.
Voici une vidéo faite lorsque je dessinais dans le carnet vivant à Toronto cette année, après avoir dit au revoir à une amie très chère, en attendant le covoiturage pour un nouveau chapitre du voyage.
4. Pour l’ancrage dans la vie réelle
En remplissant le carnet avec les souvenirs, nous sommes encore plus ancrés dans la réalité, dans les moments de vie, loin des projets professionnels.
Forcer un hobby n’est PAS la solution
Pour le moment, tenir un beau carnet de croquis est le meilleur hobby pour moi.
Je pense que c’est aussi parce que malgré mon amour pour le dessin, j’ai dû dessiner en cachette pendant 20 ans, donc aujourd’hui, j’aimerais vivre pleinement et profiter ouvertement de ma passion. Ce hobby est venu naturellement de mon besoin, mon souhait, mon envie.
Peut-être que, dans quelques années, je ressentirai le besoin de trouver un autre hobby qui n’a rien à voir avec le dessin.
Mais l’année 2023 avec le carnet vivant rempli m’a appris que c’était une mauvaise idée de s’obliger à trouver un hobby pour trouver l’équilibre dans la vie.
Des fois, l’équilibre se crée naturellement.
Encore plus équilibré qu’un hobby ? Une pause !
Une autre chose importante pour l’équilibre dans la vie, sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est : faire des pauses.
Après l’année 2023 avec 18 articles de blog, 9 vidéos YouTube, 30 shorts YouTube, et pour la première fois, 8 newsletters mensuelles Creati’letter, tous ces contenus dans les 3 langues, je m’accorde : une pause d’un mois sur le blog.
Les articles seront de retour le 15 février 2024.
C’est intéressant car dans le premier article de 2023 Salut 2023 & keep creating!, j’ai annoncé exactement la même chose : une pause. Je sens que ça deviendra notre rituel de pause annuel.
Si, tout comme moi, vous n’avez pas encore déterminé votre résolution, nous pouvons revisiter ensemble les deux articles de janvier 2022 et établir une résolution SMART qui nous guide tout au long de cette année, ça vous convient ?
Bonne année et…
Keep creating!
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