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Comment un retour négatif a validé mon choix de freelance ?

Edité par Jo, mon éditrice en cheffe

« Comment t’as su que tu n’allais pas regretter de quitter un CDI pour te mettre à ton compte ? »

Cette question est peut-être celle que j’ai reçu le plus souvent, depuis le jour où j’ai partagé mon intention de quitter un travail stable et bien payé, jusqu’à aujourd’hui, 2 ans après m’être lancée en tant qu’illustratrice indépendante.

La réalité est que… il n’y a pas eu un déclic, ni un moment d’éveil, ni un événement révélateur.

C’était (et c’est) toujours un long processus où des fois, je ne savais pas exactement quelle serait l’étape suivante. Cependant, c’était un processus rempli de « signes » qui confirmaient que j’étais sur le bon chemin.

Dans ce premier article de l’année lunaire du dragon, je vais vous dévoiler un de ces signes. Contre toute attente, il s’agit d’un retour négatif. Nous allons décortiquer ensemble comment j’ai analysé ce retour pour reconnaitre qu’il était bel et bien le « signe » qui montrait que j’étais prête à me lancer.

Le contexte qui mène au retour négatif

Avant de devenir illustratrice professionnelle, je travaillais dans le service HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) d’une grande entreprise. Notre histoire se passe durant l’avant-dernière année de ma vie salariée.

(Pour le respect de la confidentialité concernant mon ancien travail et de l’anonymat de mes anciens collègues, quelques détails de l’histoire seront modifiés et les prénoms seront remplacés et cachés.)

Mon service de l’époque distribuait à tous nouveaux arrivants dans l’entreprise un livret d’accueil de sécurité avec toutes les règles, consignes et astuces pour qu’ils puissent travailler en toute sécurité.

Cette année-là, le besoin de renouveler le livret d’accueil est devenu une urgence. Pourtant, pour plusieurs raisons, dont l’indisponibilité du service de communication interne, le projet avait stagné.

Dans l’article Comment avoir plus de temps pour créer ?, je vous ai partagé mon astuce d’intégrer la créativité dans mes activités principales. J’ai donc sauté sur cette occasion pour proposer à ma supérieure hiérarchique de me laisser faire le design graphique et la mise en page de ce livret d’une trentaine de page. C’était l’opportunité pour moi de faire une activité créative pendant mon temps de travail, sur mon lieu de travail.

Le projet avançait petit à petit, et quelques semaines plus tard, c’était un soulagement pour notre service d’envoyer enfin le livret d’accueil à la reprographie.

Content du résultat final, notre service a décidé de distribuer aussi le livret à l’ensemble des travailleurs pour une piqûre de rappel et une mise à jour des règles de sécurité.

En recevant le nouveau livret, C. une professionnelle en marketing a demandé à Q. ma collègue de service : « C’est le service com’ interne qui a pondu ça ? »

Q. lui a répondu : « Non, c’est notre service qui a fait le fond et la forme du livret. »

C. s’est montrée immédiatement soulagée : « Ah… C’est bien fait pour un support fait-maison alors ! »

Je n’étais pas présente à ce moment-là. Et, comme Q., je suis bien consciente que la remarque de C. était un retour négatif sur le design de ce livret d’accueil.

Pourtant, j’étais contente d’apprendre le retour négatif de C.

Voici les 3 raisons pour laquelle ce retour négatif a éclairé mon chemin :

1.   Les professionnels verront la différence

Comme je ne faisais pas partie du service de communication, ou de marketing, ou de conception, évidemment que l’entreprise ne payait pas une licence de logiciel de design professionnel pour mon poste de travail. Pour réaliser ce livret, j’ai donc jonglé entre Powerpoint, Publisher, et Paint.net. (C’était l’époque où Canva n’était pas encore populaire.)

Même si mes collègues de bureau, ma supérieure hiérarchique, les autres responsables de services et plusieurs travailleurs ont apprécié le look du livret, je savais moi-même que ce support contenait des limites issues d’un système D.

C. aussi, puisqu’elle l’a remarqué tout de suite. Et C. est une professionnelle de la communication, avec un regard de professionnel.

Sa remarque m’a confirmé que les professionnel.le.s verraient toujours la différence entre un produit « fait-maison » et un produit de professionnel.le.

Les lecteur.trice.s, spectateur.trice.s, consomateur.trice.s auront peut-être du mal à différencier une image générée automatiquement par différents outils et une œuvre originale créée à la main. Mais les professionnel.le.s détecteront la différence.

Cela signifie que : si la qualité de mes illustrations est à la hauteur, les professionnel.le.s seront prêts à payer pour mes services.

2.   Je suis prête à recevoir les retours négatifs

C. était une collègue avec qui je m’entendais bien. Et comme initialement, elle ne savait même pas que le livret était designé par moi, sa remarque était purement visée sur le produit lui-même.

En recevant ce retour via Q. je me sentais… normale. Au moment où je me suis rendu compte que je ne prenais plus les retours négatifs de façon personnelle, et que je voyais toujours les limites du produit malgré les retours positifs, je savais que j’étais prête à devenir prestataire de service.

Je savais que C. avait raison, mais je n’avais pas honte de ce livret.

Parce que, même s’il n’est pas le plus joli, le livret a tout simplement répondu à tous les besoins du « client cible », avec les moyens existants.

Le livret a été construit main dans la main avec différents services, en y intégrant toutes les informations importantes. Tous les membres du service HSE était satisfaits de distribuer le livret. Tous les responsables de services et les directeur.trice.s ont validé le livret. Et les bêta-testeurs (les travailleurs venant de différents services) ont apprécié cette nouvelle version du livret.

Ce jour-là, je savais que je devrais toujours garder en tête que, quand je répondrais aux futures commandes clients, le but ne serait pas de réaliser l’œuvre la plus extraordinaire jamais créée avant. Le but serait de répondre au mieux aux besoins des clients, en m’adaptant aux moyens financiers, humains, temporaires dont nous disposerions, les clients et moi.

3.   Est-ce que je veux rester « une HSE qui dessine bien » ou je veux être « une illustratrice » ?

C’était la question que je me suis posée en rentrant chez moi, après avoir reçu la remarque de C.

Je me suis dit :

« Si je reste salariée dans la sécurité, je pourrai toujours impressionner mes collègues hors service marketing avec mes compétences créatives visuelles. Mais je ne serai jamais considérée comme une professionnelle dans le visuel par les vrai.e.s professionnel.le.s.

Si je reste salariée dans la sécurité, je pourrai toujours essayer de créer un miracle avec Powerpoint, Publisher, et Paint.net, en apprenant à mettre à jour mes compétences sur Photoshop, InDesign, Illustrator le soir ou le weekend. Mais je ne pourrai jamais rattraper les vrai.e.s professionnel.le.s qui utilisent ces outils au quotidien dans les projets 100% créatifs.

Si je reste salariée dans la sécurité, je pourrai toujours sauter sur les occasions par-ci par-là pour intégrer des missions créatives dans mon travail principal. Mais ce ne sera jamais la priorité de mes journées, de mes années, de ma vie. »

3 ans après, nous connaissons tous la réponse. 😉

Les signes ne se révèlent qu’à ceux qui prennent la décision de poursuivre le chemin

L’incertitude peut parfois être le catalyseur de nos plus grandes décisions. Pour moi, quitter un CDI pour devenir freelance n’a jamais été une évidence absolue, et je ne suis qu’au début de cette aventure.

Je n’ai jamais regretté d’avoir fait ce changement de vie.

Je pense qu’il ne faut pas attendre d’être sûr et certain à 100% avant d’entamer un changement. On ne peut être relativement sûr qu’en fonction des différents événements qu’on rencontre. Il y aura toujours des signes sur le chemin pour nous guider. Certains seront plus subtils que d’autres et nécessiteront plus d’analyses.

Des fois, un signe positif peut arriver sous la forme d’un retour négatif.

Des fois, il arrive après une décision qui n’a rien à voir avec le changement en question (comme adopter un chat par exemple).

Toutefois, les signes ne surgissent que lorsque nous décidons de faire un pas en avant.

Keep creating!

Tu Ha An

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