Dessinateur autodidacte : comment trouver les ressources parfaites pour apprendre à dessiner ?

En 2022, au moment où je rédige ces lignes, il est totalement possible d’apprendre à dessiner en autodidacte.

Selon Larousse, autodidacte signifie : « Qui s’est instruit par lui-même, sans professeur. » Apprendre à dessiner en autodidacte désigne donc un apprentissage en autonomie, hors des parcours accompagnés, comme les formations professionnelles encadrées par un établissement, ou des cours d’art en atelier et particuliers enseignés par un.e artiste.

Ainsi, comment pouvons-nous trouver des ressources et supports pour apprendre à dessiner en autodidacte ?

La réponse (qui paraît évidente) que nous avons tous entendue est : en cherchant sur Internet. Pourtant, Internet est vaste, et taper sur Google « apprendre à dessiner seul » ne nous garantit pas de tomber précisément sur des ressources pertinentes qui correspondent à nos besoins.

L’embarras du choix

En faisant des recherches pour nous former en dessin, nous tombons facilement sur les annonces pour les cours de dessin, avec les promesses plus ou moins claires ; ou sur les pages de présentation des écoles d’art dont nous n’avons pas forcément les ressources en temps ou en argent pour suivre les cours.

En scrollant un peu plus bas, nous découvrons des témoignages de plusieurs artistes qui nous encouragent à apprendre à dessiner seul.e en nous offrant de multiples conseils. Cependant, les conseils varient amplement d’un.e interlocuteur.trice.s à l’autre. Parfois, ces conseils sont même contradictoires : 

« Décalquer un dessin vous permet de mieux comprendre les références et les formes principales. » Versus « Décalquer, c’est tricher ! Cela vous bloquera et tuera votre capacité d’observer et d’analyser. »

Ou :

« Pour commencer, n’achetez pas des palettes d’aquarelles de haute gamme. Optez pour les palettes de supermarché pour faire plein de tests sans vous ruiner. Vous devez d’abord maîtriser votre main, vos mouvements, vos techniques avant d’investir dans du bon matériel. » Versus « Investissez tout de suite dans des matériels de qualité, même en petite quantité ! Un artiste expérimenté saura comment combler les limites d’une palette bon marché, alors qu’un débutant se découragera rapidement, car ces matériels ne permettront jamais d’obtenir un résultat assez satisfaisant. » 

Même si nous avons la chance de repérer un site web ou une chaîne YouTube avec des contenus structurés et cohérents, ces derniers ne nous conviennent pas forcément : les techniques ne sont pas applicables à notre style ; les conseils sont soit trop simplistes, soit trop académiques ; la plupart des tutoriels nous apprennent à recopier bêtement…

Apprendre à dessiner en autodidacte devrait être un apprentissage adapté à VOUS

En discutant avec plusieurs artistes et en étant moi-même autodidacte, je crois fortement qu’il n’existe pas une seule règle, un seul ordre, ou une seule procédure à suivre pour apprendre à dessiner. Vous pouvez commencer par n’importe quel bout. Je ne dénie pas l’importance de l’acquis des bases, mais vous n’êtes pas obligés de commencer par les bases comme en maths, la matière dans laquelle il faut apprendre la multiplication avant d’entamer le calcul intégral.

Afin d’éviter de perdre votre temps dans les recherches au lieu de dédier cette ressource précieuse à la pratique, je vous partage dans un premier temps les astuces pour trouver les sources d’apprentissage gratuites qui vous correspondent. Ensuite, dans un second temps, nous étudions comment choisir dans quelles ressources payantes vous devez investir. Et nous finissons par les 3 règles d’or pour optimiser votre apprentissage.

Les solutions citées dans l’article sont celles que j’ai appliquées depuis plusieurs années et que je continue à utiliser aujourd’hui. Je NE VAIS PAS donner de référence (*), car le but est de vous permettre de retrouver les ressources qui correspondent à votre propre situation.

Pour trouver le support parfait pour VOUS, commencez par répondre à ces questions :

• Que voulez-vous dessiner ?

(Exemple : je voudrais dessiner des scènes de vie avec plusieurs personnages dans un environnement.)

• Quel type de technique voulez-vous maitriser (ou tester) ?

(Exemple : j’aimerais réaliser mes dessins avec l’aquarelle.)

• Quel est votre niveau ? Que voulez-vous approfondir ?

(Exemple : je maîtrise déjà les bases en aquarelle depuis quelques années; je veux apprendre à :

• maîtriser la lumière dans mes dessins
• varier les poses des personnages
• mieux présenter les interactions entre plusieurs personnages
• créer des arrière-plans plus fournis

…)

• Quel est le style que vous désirez développer (ou tester) ?

(Exemple : je veux avoir un style mignon, type dessin animé.)

Après avoir défini vos besoins, passons à la recherche des supports, et commençons par le plus amusant :

Laissons les algorithmes travailler à notre avantage !

La source infinie des astuces et hacks

En répondant aux questions listées au-dessus, y a-t-il des noms d’artistes qui surgissent dans votre tête ?

Après avoir listé les illustrateur.trice.s ou dessinateur.trice.s qui maîtrisent à merveille un ou plusieurs aspects que vous avez définis (il vous faut au moins 5), commencez par les suivre sur le réseau social visuel où nombreux.se artistes exposent leur travail tous les jours : Instagram. 

Sur Instagram, la plupart des artistes partagent de façon spontanée en posts ou en stories des astuces, des conseils, des hacks, des étapes de travail, des coulisses, des matériels utilisés…

Les artistes dont vous avez le nom en tête en répondant aux questions évoquées précédemment ont déjà accompli ce que vous désirez accomplir précisément. S’inspirer de leur parcours, appliquer leurs astuces, tester leurs façons de procéder peuvent vous orienter sur la bonne voie.

Cependant, il se peut que vous ne trouviez pas ce type de pépites chez votre (vos) artiste(s) préféré.e(s) sur Instagram : leurs Instagram feed s’agissent juste de jolies vitrines pour exposer leurs créations finies. Et c’est là, le moment où la magie de l’algorithme s’opère :

Si vous continuez à liker, à interagir sous les contenus de ces artistes, à enregistrer les publications, à cliquer sur les hashtags dans les descriptions pour trouver les autres créateurs qui exercent le même style, vous envoyez le signal que vous appréciez ce genre de contenus à Instagram.

L’algorithme, qui n’a qu’un but ultime de vous garder le plus longtemps possible sur la plateforme, vous proposera plus de contenus similaires. Il vous fera découvrir plusieurs autres artistes qui ont à peu près le même style. Parmi les comptes proposés, vous tomberez sûrement sur ceux qui partagent leurs coulisses de création, voire même des comptes dédiées aux tutoriels et aux astuces. Désormais, la source inépuisable des astuces s’ouvre à vous.

La limite des contenus instantanés

Une publication carrousel sur Instagram présente au maximum 10 photos et vidéos à l’intérieur d’un encart, les stories sont limités à 15 secondes, les reels à 90 secondes. A cause de ces contraintes, les partages sur Instagram n’entrent jamais dans les détails.

Même si Instagram est rempli d’inspiration, et à chaque fois que j’ouvre l’application, j’apprends de nouvelles petites astuces, approfondir l’apprentissage reste difficile. Pour cela, voici ma solution : A partir du compte des artistes dont nous apprécions le travail, repérons ceux qui font des speed drawing (vidéo qui filme tout le processus de création en accéléré). Un click rapide sur le lien dans leurs bio (page link) peut vous révéler si l’artiste tient une chaîne YouTube ou pas. Si oui, il y a de fortes chances que vous trouviez des speed drawing sur leur chaîne.

Explorer le processus de création de vos artistes préféré.e.s tout en restant chez vous

Les vidéos Speed drawing : la mine d’or pour les dessinateurs autodidacte 

Si vous atterrissez sur une vidéo speed drawing grâce à l’astuce évoquée dans le paragraphe précédent, vous avez désormais accès à la version longue et détaillée du « teaser » découvert sur Instagram.

Sur ces speed drawing, vous trouverez le processus pour transformer la page blanche en œuvre visuelle, étape après étape, avec les outils utilisés. Plusieurs artistes commentent également en voix-off leur processus en expliquant leurs idées et en argumentant leurs choix.

Regarder les speed drawing de différent.e.s artistes vous permet de comprendre la manière de créer propre à chacun.e, par où ils ou elles commencent, comment ils ou elles produisent certains effets…, pour, ensuite, définir la façon dont vous avez envie de procéder.

J’ai l’habitude de retourner sur les speed drawing que j’ai déjà visionnées il y a quelques années. A chaque fois, je découvre de nouvelles techniques, de nouveaux détails que je n’ai pas pu repérer lors des précédents visionnages, puisque je n’avais pas le niveau et l’expérience pour comprendre certaines actions de l’artiste.

La limite des speed drawing

Le speed drawing reflète uniquement le niveau actuel de l’artiste. Par conséquent, si l’écart entre votre niveau et celui de l’artiste est trop grand, vous risquerez de passer à côté des pratiques intéressantes.

Si vous naviguez assez longtemps dans l’univers des speed drawing, vous allez découvrir que certain.e.s artistes ont, en plus de leurs chaînes YouTube, un COURS ! Nous avons repéré ces artistes car ils sont là où nous avons envie de nous rendre. Ainsi, assister à leurs cours nous permettra-t-il d’y accéder plus rapidement ?

Les cours filmés et enseignés par les artistes sont-ils un bon moyen d’apprentissage ?

Comme notre sujet reste l’apprentissage en autodidacte, dans ce chapitre, nous abordons uniquement les cours préenregistrés et disponibles à l’achat ou sous forme d’abonnement sur une plateforme (Patreon, Domestika, Skillshare, Artesane…)

Au début de l’article, nous avons parlé brièvement des publicités et annonces pour les cours de dessin. La plupart nous font la promesse d’aller de 0 à 1 (apprendre à dessiner à partir de zéro), mais pour aller de 1 à 2, de 1 à 10, il existe nettement moins de contenus. Les cours préenregistrés des artistes professionnel.elle.s ne sortent pas forcément dans les premiers résultats des recherches Google, mais ils ne sont pas pour autant moins qualitatifs. 

Comment choisir le cours qui correspond à votre niveau ?

Les cours proposés par les artistes sur les plateformes visent souvent des cibles plus spécifiques. Ces cours ont pour but d’approfondir une thématique ou une technique. Les prérequis sont souvent présents.

Dernièrement, j’ai opté pour un cours de 7 heures de vidéos pré-enregistrées sur les techniques mixtes à l’aquarelle et en numérique. Le cours entre directement dans le cœur de son sujet et n’enseigne pas des bases en aquarelle ou en Photoshop, car ces compétences font partie des prérequis. Pour suivre le cours, il est également indispensable d’avoir sous la main le matériel aquarelle, la tablette graphique et la Suite Adobe.

Ces cours sur une courte durée permettent (et favorisent) la pratique en toute autonomie et l’adaptation de la technique enseignée à son propre style. Ces cours ont pour objectif d’être un coup de boost afin d’acquérir rapidement une compétence précise.

Toutefois, si ces cours sont si spécifiques, comment choisir le bon ?

Les leçons dans ces cours sont structurées avec des méthodes pas à pas, commentées par le.la formateur.trice – artiste. Une personne qui est douée dans un domaine n’est peut-être pas un.e bon.ne professeur dans ce même domaine. Même si elle est un.e bon.ne professeur, rien ne garantit que sa façon de procéder vous convienne. (Je me souviens d’une pote qui admirait un artiste. Néanmoins, elle râlait tout le long de son cours, car elle n’arrivait pas à appliquer sa technique de dessiner un chat en commençant par gribouiller des patates…)

Si vous atterrissez sur la présentation d’un cours grâce au speed drawing ou à l’Instagram de l’artiste, vous devez avoir déjà une idée si le cours a des chances de vous satisfaire ou pas. Si vous découvrez l’existence du cours par pur hasard, scrutez, décortiquez les contenus gratuits avant de payer pour le cours. La plupart des artistes n’ont pas un organisme derrière eux pour assurer la vente. Ils mettent donc à disposition des contenus gratuits pour que nous puissions juger si le programme vaut le coup. Profitez de toutes les ressources gratuites, YouTube, Instagram, newsletter… Testez, essayez d’appliquer tous ces conseils, puisque tant que vous n’avez pas expérimenté par vous-même, vous ne pouvez pas savoir si cela vous plaît ou pas !

Lisez également les prérequis avant de dépenser et de vous engager. Il existe souvent une période de garantie « satisfait ou remboursé », ou une possibilité pour vous désabonner au cas où le contenu enseigné ne répondrait pas à vos attentes.

La limite des cours préenregistrés des artistes modernes

Voici le danger quand vous suivez le pas d’une seule personne, ou des personnes qui ont le même style : vous risquez de devenir la mini version de ce ou cette artiste !

La solution logique serait de varier les artistes. Pourtant, chercher les astuces sur les réseaux sociaux consomme déjà un temps fou ! Et je ne voudrais quand même pas vous pousser à dépenser pour suivre les cours d’une dizaine d’artistes.

Pour cela, une autre solution serait de varier les sources d’apprentissage.

Les livres – la valeur sûre

Si les vidéos de speed drawing et les cours en lignes sont parfaits pour les processus et leur côté tutoriel ; un livre condensé et structuré est parfait pour approfondir les bases, la théorie, les techniques pures et dures.  

Il existe de nombreux livres de dessin disponibles en librairie qui couvrent un large éventail de sujets. Plusieurs livres datent d’avant l’ère d’internet et des réseaux sociaux. Les techniques évoquées vous épargnent donc de l’effet de mode et vous sortent de votre zone de confort. Personnellement, j’ai une affection particulière pour cette méthode d’apprentissage (j’ai partagé mon histoire dans cet article). J’ai l’habitude de traîner dans les librairies. Et à chaque fois que je feuillette un ouvrage, j’apprends une nouvelle chose !

Pour éviter de dépenser pour un livre qui ne vous correspond pas, mon astuce est (encore une fois) de tester. Quand un livre vous intéresse, apprenez par cœur une astuce dans le livre. Testez chez vous, et répétez le processus encore deux fois. Après la troisième fois, si vous êtes impatient.e.s de retourner feuilleter le livre, achetez-le !

Bien évidemment, vous pouvez aussi emprunter les livres à la bibliothèque pour avoir plus de temps d’éplucher le contenu.

Les ressources et supports listés au-dessus ont un point en commun : ils nous permettent l’apprentissage à travers les œuvres et les processus de quelqu’un d’autre. Ce travail artistique constitue déjà une interprétation du réel, une interprétation de quelqu’un d’autre. Afin de construire vos propres interprétations, il est indispensable de compléter votre apprentissage par des sources hors peinture.

Apprendre à dessiner avec des sources hors peinture

Les artistes nous conseillent souvent de faire des croquis d’observation : observer la nature, le paysage, les gens, le monde qui nous entoure, les analyser et les retranscrire sur papier. Cela peut être un défi si vous n’êtes pas habitué.e.s en premier lieu, mais cette pratique rendra votre travail plus authentique et original.

Je voudrais aborder un autre type de sources, qui est également l’interprétation de la réalité, mais par les autres corps de métiers.

Par exemple :

• Les scènes cinématographiques nous apprennent plein de théories sur le jeu de la lumière, sur la signification des couleurs en lien avec l’ambiance de la scène, sur la façon de placer son personnage dans le cadre pour accentuer son état d’esprit…
• Les photos nous apprennent la perspective, la composition de l’image, l’usage de la mise point pour raconter une histoire….
• Les dessins techniques sont des parfaites ressources pour apprendre la représentation des objets complexes en 3D, les coupes….

Toutes les ressources sont complémentaires. Libre à vous de les alterner, de les mixer, de commencer avec l’un puis de continuer avec l’autre. Il n’y avait pas Instagram à l’époque où j’ai débuté mon apprentissage de dessin en autodidacte, j’ai donc commencé par les livres. Je suis ensuite longtemps plongée dans les sources hors peinture, et j’atterris enfin sur Instagram et YouTube.

3 règles d’or pour les dessinateurs autodidactes

Testez et amusez-vous !

Il n’y a que vous qui pouvez reconnaitre ce qui fonctionne pour vous. Pour trouver une technique ou un support parfait, il faut tester par vous-même.

Le type d’enseignement à prioriser est celui qui vous permettra de développer votre prédisposition, ce en quoi vous êtes doués. (J’ai parlé en détail de la prédisposition dans cet article). Et après tout, il faut que ce soit celui qui vous procure du plaisir et de la fierté de l’accomplissement durant l’apprentissage.

Aller jusqu’au bout d’un cours avant de passer au prochain

Concentrez-vous sur un enseignement particulier avant de passer à autre chose, vu qu’il est préférable de résoudre entièrement un problème avant d’attaquer un autre. Allez jusqu’au bout pour tirer le maximum de ce que vous pouvez tirer.

« Aller jusqu’au bout » ne signifie pas seulement consommer toutes les vidéos, toutes les fiches de théorie, mais surtout de faire tous les exercices de pratique afin d’appliquer et de fixer les connaissances.

Ne vous comparez pas !

Regarder à longueur de journée des personnes plus talentueuses que soi sur les réseaux sociaux peut semer des doutes et donner des coups à notre confiance en soi. Souvent, les artistes ne montrent que leur réussite, car leur client.e potentiel.elle sera plus rassuré.e en voyant un processus propre et fluide. Et la plupart d’entre nous n’avons pas la patience de suivre une vidéo de dessin durant 8 heures non accélérée avec 5000 fois où la gomme est sollicitée ou 5000 fois Ctrl+Z. (J’exagère à peine :p )

Nous n’avons pas le même environnement, les mêmes conditions de vie ou les mêmes contraintes. Allez-y à votre rythme !

Si vous avez d’autres astuces pour apprendre à dessiner ou des retours d’expériences à la suite de vos tests, aidez-moi à compléter dans les commentaires.

Soyez courageux.es et persévérant.e.s durant votre apprentissage en autodidacte.

Keep creating!

Tu Ha An

(*) Les exemples dessinés présentés dans l’article sont réalisés par moi-même. Leur seul but est d’illustrer les propos. Je ne suis pas prof de dessin et je n’ai pas l’intention d’en devenir.

*Veuillez consulter les informations sur les Droits d’auteur & Propriété intellectuelle avant de copier ou de mentionner le contenu et les images du site tuhaan.com