Tu Ha An - Illustration Onirique & Multiculturelle

Le repos & les entrepreneurs

Edité par Jo, mon éditrice en cheffe

Le conseil de productivité le plus bizarre

En ce moment, j’écoute beaucoup de podcasts et d’interviews de chefs d’entreprises, qu’ils soient issus de secteurs classiques ou de startups innovantes, ou encore des « solopreneurs » (ces entrepreneurs qui gèrent tout seuls leur boîte). Ces interviews, menées par d’autres chefs d’entreprise, ne sont pas toujours accessibles au grand public, souvent trop techniques et trop de « niche ».

Quand les entrepreneurs parlent entre eux de productivité, un conseil revient systématiquement, et toujours en haut de la liste. Il ne s’agit pas de la loi de Pareto, de la technique Pomodoro ou de la matrice Eisenhower, comme mentionnées dans les interviews dédiées au grand public. Ce secret pas si secret est bien plus simple, et paradoxalement, bien plus complexe : optimiser son REPOS.

Les intervenants en parlent comme la solution miracle, telle une obsession. Comment s’assurer d’avoir 8 heures de sommeil chaque nuit, comment mieux dormir, comment découper son travail pour avoir plus de temps libre… ?

Contrairement aux clichés, non, ce n’est pas parce qu’ils sont des patrons fainéants et qu’ils veulent aller siroter un cocktail au bord de la piscine dès que possible, laissant les crises à leurs salariés.

Ils sont tous passionnés par leur travail et sont tous de véritables machines de guerre dans la stratégie comme dans l’exécution.

Mais ils sont aussi tous conscients qu’un repos correct assure leur capacité intellectuelle à prendre les meilleures décisions. Et c’est leur responsabilité envers leur entreprise et tous ceux qui y travaillent.

Ma relation compliquée avec le repos

Le repos est pour moi un sujet anxiogène. (La dernière fois que j’en ai parlé, c’était dans l’article Je ne sais pas (encore) me reposer.)

Pendant longtemps, je n’en ai parlé que dans les Creati’letter, mes newsletters mensuelles où je partage des choses dont je n’ose pas encore parler publiquement.

Mon évolution sur le repos, il y a un an

Il y a un an, le 2 mai 2023, j’ai écrit dans la rubrique « Ma leçon créative du mois » de ma Creati’letter :

« La Creati’letter n’a pas été envoyée le 30 avril comme prévu, car j’ai décidé de… m’accorder des VRAIS congés. 😁

Ça fait officiellement 1 an que j’exerce le métier d’illustratrice en indépendant. Et ça fait 1 an que je n’ai profité d’aucun jour férié !

Mes clients sont à l’international. C’est-à-dire :

  • Quand c’est un jour férié en France (là où je vis), mes clients au Vietnam travaillent toujours.
  • Quand c’est un jour férié au Vietnam (mon pays d’origine), mes clients aux Etats-Unis travaillent toujours.
  • Quand c’est un jour férié aux Etats-Unis (là où ma cliente la plus importante habite), les clients situés ailleurs sur la planète travaillent toujours…

En tant que freelance, techniquement, j’ai la liberté de moduler le temps de travail comme je veux. Mais ça fait 1 an que j’ai zappé tous les jours fériés. Il y avait (et il y a) toujours des choses à faire pour le boulot, je ne peux pas encore m’accorder un salaire à 4 chiffres, je me sentais coupable de prendre des pauses.

Et principalement, j’avais peur de perdre mes clients.

J’ai donc utilisé ma liberté concernant le temps de travail pour… travailler encore plus.

Mais depuis 1 an, je n’ai que des clients cool, compréhensibles et sensibles, grâce à la liberté de choisir avec qui je travaille.

Alors pour la première fois depuis 1 an, je décide d’utiliser ma liberté autrement, pour enfin profiter de la vie en dehors du travail.

[…]

J’ai donc décidé de me caler sur le calendrier des jours fériés de France à partir de maintenant. »

Le repos et moi : un an plus tard

Le mois dernier, mai 2024, a été un mois compliqué pour moi. Surtout parce qu’il y avait 4 jours de congé tombés en semaine, ce qui entraînait des ponts également.

Est-ce que j’ai respecté mon choix fait il y a un an ? Oui. J’ai même pris une semaine de congé ! J’ai donc été absente 7 jours ouvrés durant tout le mois, sans être obligée de me faire confisquer l’ordinateur et d’autres outils de travail.

Ceci est clairement une victoire. Cependant, la décision n’était toujours pas évidente.

C’était frustrant d’annoncer ma future absence aux clients (même en avance), d’accepter que mes congés et les leurs auraient des semaines de décalage, d’accepter de ne pas avancer sur les sujets où il n’y a que moi qui peux intervenir, comme la maintenance du site internet, la prospection, ou la communication sur le film Behind the Dream que je suis en train de produire…

Est-ce que je regrette d’avoir pris cette pause ? Non.

Est-ce que je suis sereine ? Honnêtement, non.

On ne gomme pas des croyances construites en plus de 20 ans et la peur du repos avec quelques bonnes résolutions et quelques balades en forêt pendant ses congés.

Mais cette année, je choisis de croire ce que les entrepreneurs à succès disent entre eux : que c’est un acte responsable envers mon activité et mes collaborateurs de me reposer. Ça m’aide à voir le repos d’un autre œil, avec moins de crainte et moins de réveils de mauvais souvenirs.

Sans avoir de preuve concrète, je pense que c’est grâce à ces moments de coupure que j’ai pu continuer à gérer la montagne de travail du mois dernier et de ce mois-ci, en lien avec 3 projets clients ponctuels en cours, et 3 projets de longue haleine en parallèle qui se chevauchent.

Mais surtout, je me sens en paix d’avoir respecté mon propre choix, fait il y a un an.

Je suis contente de voir que mes clients respectent mon choix et personne n’a refusé de collaborer avec moi juste parce que je prends des congés, même s’il s’agit de nouveaux clients.

Je me sens fière d’avoir continué à combattre mes peurs et d’avoir respecté la promesse que je m’étais faite.

Le problème des témoignages des parcours d’entrepreneurs

Le sujet du repos, son lien avec la santé mentale et la productivité, n’est qu’un des nombreux aspects qu’un entrepreneur doit affronter dans son aventure.

Bien sûr qu’on peut trouver de nombreux témoignages, surtout à cette ère d’internet.

Mais il y a un problème :

  • Ceux qui ont du succès parlent avec trop de détachement de leur début ;
  • Ceux qui sont en train de gérer ces problèmes ne prennent pas forcément la parole ;
  • Pour les rares qui documentent leur parcours, il faut attendre longtemps pour avoir un retour sur leurs décisions (comme nous, avec cet article, avec l’écart d’un an entre le constat et l’évolution). Ou il faut suivre leur parcours durant plusieurs mois, plusieurs années, ou se coltiner 20 heures de contenu fait durant tout ce laps de temps, si on veut obtenir une vue globale.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de réaliser le film documentaire, Behind the Dream, Derrière le rêve, qui explore le passage de la vie salariée à celle de freelance créatif.

A partir du moment où j’ai décidé de quitter le travail salarié, j’ai enregistré mes actions, mes émotions, mes raisonnements en temps réel.

Dans Behind the Dream, ces séquences brutes seront confrontées à la prise de recul de moi-même, 2 ans plus tard.

Ce mélange offrira un équilibre entre la perception à l’instant T et la maturité acquise avec l’expérience, tout condensé en 1 heure de film pour la version longue, et 6 épisode de 10 minutes chacun, pour la version web-série.

Le tournage est prévu cet été, et la sortie est prévu pour automne 2024.

Aidez-moi à donner vie au film BEHIND THE DREAM

Si vous avez envie de devenir créatif.ve.s indépendant.e.s (et pas uniquement vidéaste ou illustrateur…), mais qu’imaginer ce futur vous est impossible, je vous propose de partager avec moi vos rêves, vos peurs, vos questions via ce formulaire : lien.

Et si vous êtes un.e membre de la famille, un. ami.e ou un.e proche d’un.e freelance créatif.ve, j’aimerais aussi connaître vos appréhensions, vos doutes, vos inquiétudes pour cette personne. N’hésitez pas à m’écrire dans le même formulaire : lien.

Avant le tournage de la série, prévu pour cet été, je ferai un tirage au sort parmi ceux qui auront participés au formulaire pour offrir un petit cadeau à un.e heureux.se élu.e. 

Pour soutenir ce projet, vous pouvez nous offrir une tasse de café, à mon équipe et à moi, ici : https://ko-fi.com/tuhaan parce que oui, nous aurons besoin de beaucoup x1000 de café pour donner vie à Behind the Dream, d’ici octobre 2024.

Keep creating!

Tu Ha An

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