Edité par ma Viet-unnie Chopsticks
Avril 2021, j’étais en pleine démarche pour me lancer dans l’illustration. J’avais envie de créer un site internet avec un fort impact dès le moment où on atterrit dessus. Il me fallait une bannière avec une illustration qui fait « Woah… »
Jour et nuit, je cherchais une idée d’illustration qui pourrait représenter mon style, mon univers et ma personne.
Jusqu’à un jour, une carte postale dans une grande surface a semé l’idée ultime dans ma tête…
Une idée d’illustration peu convaincante
J’ai tout de suite appelé un ami très cher pour lui annoncer mon idée : « Bro, je vais dessiner un phare dans la tempête pour la bannière de mon futur site internet ! »
Mon ami avait l’air beaucoup moins enthousiaste que moi. Après quelques secondes de silence, il m’a dit : « Tu veux attirer les gens sur ton site, non ? J’ai peur qu’un phare dans la tempête soit trop triste et agressif pour tes futurs visiteurs… »
A ce moment-là, je me suis rendu compte de l’éternelle malédiction des créatifs : ils ne peuvent pas montrer aux autres ce qu’ils voient dans leur tête. La seule et meilleure façon d’expliquer son imagination est de transformer l’idée en réalité.
Et puis, construire une scène qui donne envie avec des éléments qui, de base, sont considérés comme “jolies”, “paisibles”, “positives” n’a rien de challengeant. Je voudrais construire la joie et le calme avec un élément étiqueté comme “dangereux”, “triste” et “terne”.
Alors, j’ai tout de suite commencé à créer mon phare dans la tempête.
Ma personne, mes racines
La raison pour laquelle je suis autant attiré par l’image du phare dans la tempête vient d’un souvenir. Je suis partie du Vietnam, mon pays d’origine, pour faire les études universitaires en France quand j’avais 17 ans. Comme je n’arrivais pas encore à avoir des amis proches pendant ma première année, je passais les deux premières vacances scolaires à réviser dans ma chambre d’étudiante. Ayant peur que je me noie dans la solitude, un professeur de l’IUT m’a proposé de passer les vacances de février à l’Île de Sein avec sa famille.
Cette semaine-là, j’ai vu un phare pour la première fois, j’ai vu la tempête en mer pour la première fois, et je me suis intégrée complètement dans la vie française pour la première fois.
Depuis ce jour-là, la Bretagne est devenue ma terre adoptive. Je voudrais que mes deux racines, le Vietnam et la France, soient symbolisées dans mon illustration.
Mon univers d’illustration multiculturelle
J’ai toujours rêvé d’un monde où les cultures s’échangent et se mélangent (comme San Fransokyo de Big Hero 6).
J’ai donc conceptualisé un phare avec l’architecture mélangé entre le phare d’Ar-men (France) et le phare Cô Tô (Vietnam). Ar-men est un phare visible de l’Île de Sein, alors que Cô Tô est le phare le plus haut du Vietnam.
Dans mon univers, la présence des animaux est obligatoire ! J’ai donc dessiné mon chat, Romarin, non pas parce qu’il est mon fidèle assistant, mais parce qu’il n’y pas un chat plus « multiculturel » que lui. Alors qu’il est identifié comme « chat européen » par mon vétérinaire, mes parents et mes amis au Vietnam m’ont tous demandé comment j’ai réussi à trouver un chat vietnamien dans un pays occidental…
Comme j’adore dessiner les personnages, j’avais pour idée d’ajouter un petit garçon français et une petite fille vietnamienne dans l’illustration. La tenue du petit garçon est la tenue traditionnelle de l’ethnie Dao (Vietnam). La petite fille et le chat portent le fameux ciré jaune breton (France).
Au début, j’avais en tête l’image de 2 enfants du même âge. Mais en voyant mes croquis, une amie a dit : “On dirait toi et ton copain (français) !”. Cette remarque innocente m’a fait réfléchir.
C’est vrai que dans les affiches des événements d’échange culturel, on voit souvent les illustrations d’un petit garçon occidental confiant avec une petite fille asiatique réservée. C’est vrai que l’image du couple mixte “homme occidental – femme asiatique” est très répandue… Inconsciemment, j’ai peut-être représenté le même schéma dans mes croquis.
Sur ce projet personnel, je n’ai aucune contrainte. Alors pourquoi ne pas raconter une autre histoire, avec la petite fille d’origine asiatique confiante et dynamique qui fait découvrir la scène magique de la tempête au petit garçon occidental réservé ?
Mon style d’illustration onirique
À l’issue de la phase de recherches, je passe sur le croquis et la colorisation, qui est également l’étape la plus satisfaisante et stressante.
Au moment où j’ai envoyé cette photo de colorisation en cours à mon ami, il n’était pas content. Il m’a dit : « Sis, je n’aime pas quand on prouve que j’ai tort ! Honnêtement, j’aimerais vivre dans ta tête ! »
La magie d’une illustration
L’illustration est terminée après 17 heures de travail.
Décembre 2021, elle est officiellement devenue la bannière de mon site internet, la toute première image qui plonge les visiteurs dans mon univers quand ils arrivent sur le site.
Mais il y a un secret magique dans cette illustration que mes visiteurs ne savent pas : les étoiles dans ce dessin peuvent s’illuminer pour de vrai.
Voulez-vous la preuve ?
Voulez-vous découvrir un autre secret ? Au moment où j’écris ces lignes, la carte postale qui m’a inspirée a trouvé sa place d’honneur sur mon frigo, tout près du poste d’observation de Romarin mon chat terreur, etpas très loin de mon ciré jaune.
Si vous êtes curieux.ses de mon processus d’illustration détaillé, voici 2 articles très complets qui tracent mon processus de A à Z :
Keep creating!
Tu Ha An
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