Edité par ma Viet-unnie Chopsticks
Octobre 2020, j’ai adopté un chat. Octobre 2021, j’ai quitté le salariat.
Aussi étrange que cela puisse paraître, c’était grâce au chat que j’ai quitté mon ancien poste dans le domaine de la sécurité ferroviaire. Cette décision m’a permis de me sentir complètement libre, et totalement « moi-même », pour la première fois.
Adopter un chat
En 2020, l’effort de mener la vie parfaite pesait sur ma conscience et serrait mon dos petit à petit, jusqu’à m’expédier directement aux urgences. J’ai déjà raconté cette histoire dans le premier article sur le blog. Cependant, je ne vous ai pas raconté comment j’ai pris la décision de changer de vie.
Non, je vous rassure, ce n’était pas le chat qui m’a soufflé l’idée à l’oreille, tel Salem, le chat de Sabrina, la petite sorcière.
Les mots de l’intuition
En 2020, je me sentais comme si je tombais dans un trou sans fond depuis des mois. Tout était flou dans ma tête. La situation sanitaire rendait la vie plus incertaine que jamais. Pourtant, j’étais sûre d’une chose : il était temps pour moi d’adopter un chat.
J’ai, depuis toujours, l’étiquette « cat-person » collée sur le front, et mon décision d’adopter un chat n’était pas prise sur un coup de tête, car j’ai parlé sans cesse de mon envie d’accueillir un chat depuis mon adolescence.
Néanmoins, au moment où j’étais absolument déterminée à passer à l’action, plusieurs personnes de mon entourage me freinaient en me bombardant de conseils.
Certains me questionnaient sur le côté pratique :
« T’es sûre ? Tu ne pourras plus partir en voyage sans te casser la tête à trouver une solution de garde ! »
« Un chat en appartement ? Le pauvre, il sera malheureux… »
« En ce moment, tu n’arrives même pas à prendre soin de toi, comment tu vas faire avec un chat ? »
Certains d’autres étaient tout simplement et complètement contre :
« C’est une perte de temps et d’argent pour les 10 années qui suivent ! »
« Ça ne sert à rien, un chat ! Pourquoi tu ne fais pas un enfant ? Ça fait longtemps que t’es avec ton mec, non ? »
Mais les personnes les plus proches de moi, ceux qui ont été à mes côtés au cours de cette période sombre m’ont juste demandé : « C’est bien ce que tu veux à ce moment même ? »
Et pour la première fois depuis mon adolescence, j’entendais en moi cette voix que j’ai toujours réprimée, celle de l’intuition, prononçant haut et fort : « Oui, c’est exactement ce que je veux ! »
Les mots du cerveau d’ingénieure
Même si j’étais certaine de mon envie, j’étais consciente qu’adopter un chat demanderait une grande responsabilité.
Ainsi, j’ai répondu sincèrement aux trois questions suivantes :
- « Objectivement, est-ce que j’ai les moyens et ressources nécessaires (argent, temps, santé, soutien…) pour assumer cette responsabilité ? »
- « Est-ce que je suis consciente des problèmes qui pourraient survenir ? »
- « Est-ce que je suis capable de gérer ces problèmes ? »
Et à tous les trois, ma raison a répondu « Oui ! »
Romarin, le chat terreur
Octobre 2020, accompagné d’un ami, je suis allée chercher mon Romarin (son prénom vietnamien est « Rau Thơm », ce qui signifie « herbe aromatique »).
Romarin est un chat intelligent et joueur. Il aime les câlins plus que tout au monde. Bien évidemment, mes amis fans de chat étaient super heureux d’avoir une boule de poil en plus à papouiller dans leur alentour.
Alors que la décision était prise, sans aucune possibilité de revenir en arrière (et ce n’est absolument pas mon souhait dans tous les cas), certaines personnes continuaient à me répéter : « Tu regretteras quand tu verras le bazar qu’il provoque ! »
Et même si j’aurais aimé dire qu’ils avaient tort, je dois admettre qu’ils avaient raison sur un point : Mon chat est une terreur !
A seulement trois mois, il a détruit toutes les quatre chaises de la salle à manger en un après-midi. A quatre mois, il a réussi à chasser et tuer un oiseau sur le balcon. A cinq mois, a coincé son doigt de papatte arrière dans la fente du radiateur en sautant dessus…
Mais à chaque fois, à ma grande surprise, j’ai réussi à garder le sang-froid et à gérer immédiatement.
Le cadeau surpris
J’étais heureuse. Je me sentais heureuse tous les jours, même si c’était le jour où Romarin faisait la grosse commission dans le lit à 4h30 du matin alors que je devais partir au travail à 4h45.
Romarin respirait le bonheur. Il avait tous les signes d’un chat heureux et en bonne santé : il ronronnait, il avait la queue dressée, il montrait son ventre, il chassait tous les jours…
Mais le plus surprenant, c’était l’état des personnes que j’aime. Ils semblaient être plus heureux, (peut-être ?) tout simplement parce qu’ils étaient, enfin, moins inquiets pour moi.
Romarin, comme plein d’autres chats, possédait ce pouvoir magique de détecter le stress chez sa maîtresse. Il pointait son museau et me forçait à arrêter de travailler afin de suivre une séance urgente de ronron-thérapie sur le canapé.
J’étais donc plus détendue et moins râleuse. Surtout, grâce à Romarin, j’arrivais à gérer calmement mes moments de crise. Ainsi, je me considérais moins comme un fardeau pour mes proches.
J’ai adoré ma version « maîtresse de chat », cette « An » posée, sérieuse et joyeuse. Et je commençais à avoir envie d’aimer également les autres versions de moi. J’avais envie que les personnes que j’aime soient rassurées.
Pour cela, il fallait que je devienne heureuse, complètement heureuse.
Quitter mon job
La dose de courage manquante
J’ai décidé d’être heureuse, mais pas en relativisant avec toute mon énergie restante. Je savais que je n’étais pas à ma place là où je travaillais. Continuer le même chemin en me répétant à quel point j’étais chanceuse est semblable à laisser brûler la maison en disant que j’étais reconnaissante de la lumière et de la chaleur du feu !
Je savais que la solution résidait dans une décision aussi folle, et en même temps, aussi évidente, qu’adopter un chat : il fallait que je quitte mon travail pour mon rêve depuis toujours : devenir illustratrice !
Comme à chaque grand (ou petit) changement, les remarques (et les craintes) ne pouvaient pas s’absenter. Celle qui revenait le plus souvent dans mon cas était :
« Tu vas vite te lasser et regretter ta vie d’avant. Tu ne pourras pas imaginer à quel point la vie d’entrepreneur est dure ! Tout le monde a des problèmes dans la vie. Sois réaliste et estime-toi heureuse avec ta situation stable. »
Oui, tout le monde a des problèmes, alors pourquoi ne pas choisir les problèmes qu’on aimerait résoudre, qu’on est prêt à résoudre ; ou qu’on est capable de trouver la piste pour le résoudre ?
Sinon, je ne suis jamais lassée de mon chat. Un an s’était écoulé, mais à chaque petit moment où Romarin bougeait son oreille, sautait sur le plan de travail, ou posait sa tête sur ma main, je me sentais toujours aussi reconnaissante. Mon cœur continuait à chanter “J’ai un vrai chat ! J’ai un vrai chat !” comme le premier jour où il est venu à moi.
Il y a des éléments qui nous rendent plus « nous-mêmes » : un vêtement, une coupe de cheveux, une façon de parler, un rôle (comme maîtresse de chat, dans mon cas), ou un métier (comme illustratrice, dans mon cas)…
Les questions pertinentes
Au moment où j’ai dévoilé mon intention, encore une fois, les personnes les plus proches de moi m’ont posé la même question : « C’est bien ce que tu veux à ce moment même ? »
Et cette fois, j’ai compris que c’étaient eux qui m’ont offert un environnement suffisamment sécure, pour que mon intuition puisse s’exprimer. Elle a encore répondu : « Oui, c’est exactement ce que je veux ! »
Je leur ai ensuite partagé mes éléments de réponse pour les trois questions pragmatiques :
- « Objectivement, est-ce que j’ai les moyens et ressources (argent, temps, santé, soutien…) pour assumer cette responsabilité ? »
- « Suis-je consciente des problèmes qui pourraient survenir ? »
- « Suis-je capable de gérer ces problèmes ? »
Adopter un chat m’a rapproché de l’être-humain que j’aime être, et m’a donné la dose de courage manquante pour entreprendre l’ascension vers cette version, en effectuant le grand saut vers le dessin.
Octobre 2021, j’ai quitté mon travail, j’ai quitté le salariat.
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire.
Pour mon anniversaire, il y a deux ans, je me suis offert la vie de maîtresse de chat dont j’ai tant rêvé.
Pour mon anniversaire, il y a un an, je me suis offert la liberté.
Et même si je ne sais pas de quoi seront faites les prochaines années, j’ai la certitude d’avoir fait les bons choix. J’ai appris que, quand on suit le chemin qui nous est destiné, on ne se bat pas contre les éléments sur le chemin pour obtenir la sérénité; on se bat pour ce à quoi on croit, tout en étant serein au quotidien (ou presque… Ça dépend si votre chat vous cache une araignée sous le tapis de la salle de bain ou pas… 😛)
Keep creating!
Tu Ha An
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Linh
Joyeux anniversaaaaaire!!!
Tu Ha An
Merciiiiii Linh 😍
Tường Linh
Ui cha, chị có xem các tác phẩm của em từ mấy năm nay rồi mà đến giờ mới đọc được câu chuyện đằng sau này. Cứ đinh ninh là em làm nghề sáng tạo từ lâu rồi chứ vì thấy sao đẹp và chuyên nghiệp quá! Mỗi lần thấy các tác phẩm của em chị thấy xúc động, vừa dễ thương, nhẹ nhàng mà ẩn chứa những tinh tế, tìm tòi, cá tính riêng.
Chúc mừng cô gái cuối cùng đã chính thức được sống toàn tâm toàn ý với đam mê nghệ thuật của mình.
Nghĩ lại đúng là hệ thống giáo dục và các áp lực từ xã hội và gia đình ở Việt Nam khiến cho nhiều bạn nhỏ bị gò ép trong khuôn mẫu, không có cơ hội khám phá và đi theo sở thích của mình, thật tiếc. Và chị nghĩ môi trường ở Pháp phù hợp hơn để nuôi dưỡng các tài năng nghệ thuật như em.
Chúc em đi xa trên con đường mình đã chọn và gặp nhiều niềm vui, may mắn trên hành trình này❤️❤️❤️
Tu Ha An
Em cảm ơn chị ạ. Ngày mùa đông mưa lạnh mà những dòng này của chị làm em thấy ấm áp quá <3 Em cảm ơn chị đã dõi theo bước đi của em trong suốt thời gian qua ạ.